Condamné à plusieurs reprises pour négationnisme, Vincent Reynouard a été arrêté en Ecosse jeudi 10 novembre. Recherché pour exécuter une peine d'un an, après une condamnation pour "contestation de crime contre l'humanité", son nom est lié, entre autre, à une enquête ouverte pour des tags tracés en août 2020 sur les murs du Centre de la Mémoire d'Oradour-sur-Glane (87).
Vendredi 21 août 2020. Des tags, inscrits à la peinture blanche, sont découverts sur le mur d’entrée du Centre de la Mémoire, ouvrant sur les ruines du village martyr. Le mot martyr, justement, est rayé, remplacé par "menteur". Suivent : "À quand la vérité ?", et "Reynouard a raison".
Vincent Reynouard… Né à Boulogne-Billancourt en 1969, il fait des études d’ingénieur-chimiste, et intègre un temps l’Éducation Nationale.
De son propre aveu séduit par le national-socialisme, il est, dès 1991, l’objet de poursuites pour révisionnisme.
De nombreuses condamnations
En octobre 1992 tombe sa première condamnation pour contestation de crimes contre l’humanité.
En 1997, il contribue à un ouvrage prétendant innocenter la Waffen SS du massacre d'Oradour-sur-Glane ; réitérant en 2001 dans une vidéo par la suite interdite.
En juin 2004, la Cour d'Appel de Limoges le condamnera d’ailleurs à vingt-quatre mois de prison, dont six fermes, pour apologie de crimes de guerre. Mais la Cour de cassation cassera cependant cet arrêt en avril 2005, jugeant que les faits reprochés ne constituent pas une apologie de crimes de guerre, mais une simple contestation de crimes de guerre, laquelle n'est pas réprimée par la loi.
Tout en poursuivant son "œuvre" négationniste, si l’on peut dire, et alors qu’il s’est exilé à l’étranger, notamment en Angleterre, il est régulièrement condamné dans les années suivantes, entre autre, à des peines fermes, lors de plusieurs procès, toujours pour des causes négationnistes et/ou révisionnistes.
En 2020, son nom réapparait donc à Oradour. Et alors qu’il avait, semble-t-il, déjà échappé à une opération en octobre 2021 de la police britannique, il a été arrêté ce 10 novembre 2022 en Écosse, "au nom des autorités françaises" et en vue, à priori, de leur être remis.
Les gendarmes de l'Office central de lutte contre les crimes contre l'humanité (OCLCH) souhaitaient en effet l'entendre dans le cadre de l'enquête ouverte pour l'histoire des tags d'août 2020.
Réactions nombreuses
Si, jusqu’au plus haut sommet de l’État, les réactions avaient été nombreuses et vives en août 2020 au moment des "tags", elles le sont également au lendemain de cette interpellation.
Ainsi, Jean-Claude Leblois, président du Conseil Départemental de la Haute-Vienne, qui estime que "cette interpellation est l’occasion, une fois de plus, de rappeler la nécessité de se souvenir et de ne jamais banaliser de tels actes de haine ".
Ou encore Fabrice Escure, président du Centre de la Mémoire d’Oradour-sur-Glane, pour qui " le Centre de la mémoire est un lieu de transmission de mémoire, une structure qui continuera avec force de défendre les valeurs d’humanisme et de tolérance ".
Enfin, Benoît Sadry, président de l'Association Nationale des Familles des Martyrs, a déclaré ce lundi 14 novembre à France 3 Limousin :
"C’est une arrestation qui prouve que l’enquête suit son cours, aujourd’hui encore. À l’époque, son nom et les tags avaient suscité une vraie émotion dans la communauté et chez les familles d’Oradour, donc notre association se satisfait de son interpellation.
On verra les conséquences, mais c’est un signe fort pour [montrer] que les gens qui sont condamnés, même à l’extérieur, ne peuvent pas être dans une position d’impunité, et c’est un point essentiel dans cette arrestation.
Benoît Sadry, président de l'Association Nationale des Familles des Martyrs
"Ensuite, qu’il soit impliqué directement ou indirectement, sa prose, sur les réseaux sociaux notamment, ses propos provocateurs, parfois haineux, négationnistes et révisionnistes sont choquants.
C’est tout un contexte particulier avec lui parce que, il y a quand même une vidéo, plusieurs écrits derrière, où il contestait des éléments même du massacre, notamment le massacre dans l’église, donc pour les familles, c’était choquant […], alors que les faits sont établis de manière sûre, scientifique, il n’y a aucun doute là-dessus."