Elle produit des légumes bio pour des écoliers de Haute-Vienne tout en donnant du travail à des adultes en insertion : reportage à la découverte d'une association innovante.
Abdou, Virginie, Emmanuel et Jean-Luc sont ouvriers maraîchers pour l'association "Le comptoir fraternel". Ils observent avec satisfaction le résultat de leur travail : navets, choux... Autrefois, on appelait ces légumes "les vertus", car ils tiennent au ventre dans la soupe ou le bouillon.
C'est du beau travail ! Quand on sort de beaux légumes comme ça, on peut être fier. Et les gens qui reviennent derrière vous remercier, ça encourage, ça donne envie de continuer. Il ajoute : "C'est une thérapie, aussi, le contact avec la terre, rétablir la connexion disparue avec le tactile...
Abdou Boikouta
Faire du bon et se faire du bien
Cette production 100% bio est aussi vertueuse pour celles et ceux qui rejoignent l'association. Selon Grégory Vancaneghem, responsable des cultures, tous y trouvent un nouveau départ professionnel : "On a ici, par exemple, le cas de quelqu'un qui s'est intoxiqué dans une usine, et qui n'a pas pu continuer à travailler là. Ici, au grand air, ces personnes retrouvent des voies professionnelles auxquelles elles n'avaient pas forcément pensé."
Le comptoir fraternel est né en 2019 à Cussac, en Haute-Vienne, après la rencontre de Grégory Vancaneghem et de Jean-François Dusseigneur, un retraité bénévole au Secours catholique, en charge d'une thématique nationale : l'alimentation de qualité pour tous.
Leur projet a croisé la volonté du maire de Cussac de nourrir les élèves des cantines et de créer des emplois. Jean-François Dusseigneur raconte : "C'est comme ça que nous avons créé un plan alimentaire local et solidaire. Ça a été long, car il a fallu prendre le temps de la terre, il a fallu s'adapter, monter un tas de dossiers. Il nous a fallu plus d'un an pour persuader les élus."
Monique Hannot, adjointe au maire d'une commune voisine, confirme : "pour nous, c'est primordial. On veut des circuits courts, pour avoir des produits de bonne qualité et aussi pour les artisans, les producteurs de la région. Notre boucher est à 500 mètres d'ici, notre producteur de fromage de chèvre à 300 mètres."
Paniers de course
La production est financée par une boutique en ligne à la pleine saison, avec également des adhésions pour un panier de légumes frais chaque semaine. Les investissements et les emplois bénéficient aussi d'aides de l'État, de la région, du département, et aussi de mécènes.
Mais pour faire perdurer ce projet, l'association doit aller plus loin. Selon Sylvie Ragon, trésorière en charge du développement commercial, il faut "inscrire notre action sur la durée, aller rechercher d'autres mécènes et les intéresser à notre projet social, alimentaire, écologique. Je crois que ça raisonne très bien avec les préoccupations de notre temps."
Reste à convaincre aussi d'autres maires de la communauté de Communes Ouest Limousin de l'importance de ce cercle vertueux.