La cité de Saint-Junien porte encore les traces de son passé industriel. De grandes maisons luxueuses ont été construites au 19e et au 20e siècle par les riches industriels de la commune. À travers leur histoire, c'est toute la grande époque des mégisseries et des tanneries qui resurgit.
Impossible de les rater à l’entrée de Saint-Junien. Ces maisons bourgeoises, qui entourent les entrées de la cité gantière. Derrière chacune d’entre elle se trouve une histoire, intimement liée à l’ère industrielle de la commune.
Sur ce portail, non loin du centre-bourg, trônent encore ses initiales. Un F et R, pour François Raymond. Au 19e siècle, ce modeste gantier va être à l’origine de la plus importante mégisserie de Saint-Junien. Elle emploiera jusqu’à 400 employés dans les années 1900.
En 1892, il acquiert une vaste parcelle aux portes de la ville. Il va y faire construire une demeure prestigieuse et surtout y aménager un grand parc, aujourd’hui morcelé. On y trouve actuellement la cité Rochebrune.
André Desselas, le milliardaire
En 1905, loin de New York où il a ouvert un comptoir, André Desselas, riche industriel saint-juniaud fait construire une somptueuse demeure. Une réalisation à la hauteur de sa fortune.
C’est une demeure d’apparat. Il a un bureau qui est peint par le peintre local Jean Teillet, le même qui a peint le salon d’honneur de la préfecture de la Haute-Vienne en 1912.
Thierry Granet, adjoint au patrimoine mairie de Saint-Junien
L’emplacement de cette bâtisse n’est pas laissé au hasard. En surplomb, des usines en bord de Vienne, elle était visible par tous les ouvriers. « Elle affiche bien ici qui est le patron » insiste Thierry Granet, l’adjoint au patrimoine de la commune.
Prospérité et exploitation ouvrière
Cette réussite économique s’est en effet opérée grâce à l’exploitation d’une classe ouvrière peu protégée à cette époque. Au début du 20e siècle « il n’y avait quasiment aucune loi sociale. Les semaines de travail faisaient 60 heures, voire plus et les paies sont très faibles sur Saint-Junien contrairement aux autres centres mégissiers » explique l’historien Vincent Brousse.
Une opulence qui s’éteindra peu à peu, à la suite des Guerres Mondiales et à la crise de la mégisserie. Restent ces demeures, vestiges d’une époque. On en dénombre une quarantaine aujourd’hui sur la commune.