Inquiétude à Mérignac : Thalès annonce 1000 suppressions de postes en France

Depuis le début de la crise sanitaire, les menaces se multiplient contre les emplois du domaine de l'aéronautique. Chez Thalès, 1000 emplois sont susceptibles d'être supprimés. Le site de Mérignac en Gironde serait particulièrement concerné.

Grosse inquiétude pour les salariés de Thalès à Mérignac en Gironde. Après l'annonce récente d'un plan social prévoyant la suppression de 1000 postes dans le secteur de l'aéronautique, la situation reste au point mort. Les syndicats témoignent d'un sentiment d'abandon face au manque de d'informations supplémentaires. "Pour nous, c'est un chiffre sorti du chapeau, on n'a aucun autre renseignement", regrette Philippe Besnier, délégué syndical CFDT Thalès Avionics, à Mérignac.
Le domaine de l'aviation civile emploie 4200 personnes pour le groupe Thalès en France. Le plan concerne donc près d'une personne sur quatre. "On est dans l'incompréhension, tout le monde se pose la question : est-ce que je vais être dans les 1000 ?" De son côté, la direction de Thalès insiste sur sa volonté "de ne pas engager de plan de sauvegarde de l'emploi (PSE)" mais à "faire appel au volontariat des salariés concernés pour éviter les licenciements", dans un communiqué daté du 1er octobre. 

L'inconnue des salariés de Mérignac

Cette incertitude plane alors que le gouvernement a annoncé en juin dernier une aide de 15 milliards pour soutenir le secteur de l'aéronautique. Elle a pour objectif de "permettre à la filière aéronautique et ses centaines de milliers d’emplois de rebondir après la crise". Dans le détail toutefois, le plan prétend conserver uniquement les "savoir-faire critiques" et "accélérer la diversification, la modernisation et la transformation environnementale". 

Thalès n'a pas encore communiqué sur la répartition géographique des suppressions de postes sur ses différents sites. Selon la CFDT Thalès à Mérignac, elles concerneraient 380 postes dans le secteur de l'ingénierie, 300 dans le secteur de l'industrie, 190 dans le secteur de la réparation et près de 130 dans les fonctions transverses (Ressources Humaines, comptabilité, finances). Trois options sont envisagées : des transferts de charges vers d'autres sociétés du groupe Thalès, des mobilités en interne et des mesures de départ à la retraite anticipé.
Les sites de Toulouse, Châtellerault et Mérignac seraient les principaux concernés. Une rumeur non confirmée évoque près de 300 suppressions de postes sur le site girondin. 
 

On est dans l'incompréhension, tout le monde se pose la question : est-ce que je vais être dans les 1000 ?

Philippe Besnier, représentant CFDT Thalès à Mérignac

Du côté de la CGT, on évoque la possibilité de transferts de compétences du groupe vers l'étranger : "Des centres de compétences en ingénierie ont été créés en Inde ou en Roumanie ces dernières années. Les 1000 postes perdus vont être recréés dans des pays à bas coûts, pour des raisons de compétitivité", estime Dominique Ferrachat, délégué syndical central CGT Thalès Avionics. Contacté, le groupe n'a pour le moment pas communiqué sur ces hypothèses.

En attendant, les salariés du groupe demandent la poursuite de l'activité partielle pour longue durée (APLD) : "On pense que le chômage partiel suffit pour nous aider à passer la crise. Ensuite, on veut les chiffres exacts pour pouvoir juger de la baisse d'activité et comprendre si elle n'est pas que ponctuelle", s'interroge la CFDT.
C'est en tout cas l'avis de Jérôme Verschave, directeur d'Aerocampus, qui forme aux métiers de l'aéronautique, à côté de Bordeaux : "Il est clair qu'il y a un trou d'air, les statistiques montrent qu'on a une baisse des remises en vol de 60% par rapport à l'année dernière. Pourtant, je suis plutôt optimiste pour la reprise, qui pourrait intervenir plus vite que prévu. Il y a l'exemple de la Chine, où les vols intérieurs ont repris au même niveau qu'avant la crise sanitaire". 

La peur de perdre les compétences

Pour anticiper cette éventuelle reprise, Jérome Verschaves milite pour une poursuite des investissements : "Il faut aider les grands groupes mais surtout accompagner les PME, car il y a une forte interdépendance entre grosses et petites structures. Le risque est de perdre le tissu industriel composé par les petites entreprises, ce qui posera des problèmes d'approvisionnement industriel". La solution ? Continuer de "financer les recherches dans les nouvelles technologies et de remplir les carnets de commandes des groupes avec les 15 milliards du plan de relance". Même son de cloche à la CFDT qui redoute "une décision précipitée" et que l'on se retrouve le "bec dans l'eau une fois la reprise arrivée, parce qu'on aura perdu trop de compétences".

Les difficultés du secteur de l'aéronautique concernent d'autres sites en Aquitaine. A Marmande, 197 emplois sont menacés sur le site de Lisi Creuzet, 105 sur le site de Settes-Castet, qui accueille le sous-traitant Mécanique Aéronautique Pyrénéenne (MAP). Lundi 12 octobre, près de 200 salariés se sont rassemblés pour demander des réponses concernant ce projet de suppressions d'emplois.

Reportage de France 3 Pau à découvrir ici ►


 
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