L'ancien maire de La Faute-Sur-Mer en Vendée était interrogé hier par la président de la cour d'appel de Poitiers dans le procès Xynthia, il a reconnu des failles dans la sécurité et affirmé qu'il aurait fallu faire mieux.
29 personnes ont trouvé la mort à La faute sur Mer en Vendée le soir de la tempête, le 27 février 2010. René Marratier qui dit être K.O debout depuis a répondu aux questions de la Présidente de la cour d'appel assurant qu'il aurait fallu faire mieux et reconnaissant des failles.Pour autant il a rejeté sa seule responsabilité."On ne peut avoir que des regrets", "si j'avais su": sur la défensive dès le début de son interrogatoire, les traits tirés et semblant tendu dans son costume sombre, René Marratier a cependant soutenu tout l'après-midi, comme lors de son premier procès, n'avoir "jamais pu imaginer une telle catastrophe".
Condamné en première instance, le 12 décembre 2014, à quatre ans de prison ferme, il est rejugé aux côtés de son ancienne adjointe à l'urbanisme Françoise Babin et du fils de cette dernière, Philippe Babin, pour "homicides involontaires"
Il y avait les digues.
Résident de La Faute-sur-Mer depuis 40 ans, élu au conseil municipal une première fois en 1983, maire depuis 21 ans quand la tempête Xynthia survient, René Marratier pouvait-il ignorer les risques d'inondation dans cette commune située sur une presqu'île sablonneuse, où les lotissements avaient poussé sur d'anciennes terres agricoles dans une zone qui aurait dû être classée inconstructible?
"On savait pertinemment que le territoire était inondable à 80%", dit-il " mais "les digues" étaient là "pour protéger" les maisons, notamment dans la cuvette située en contrebas de l'estuaire du Lay, où ont péri noyées la majorité des 29 victimes,
Une cicatrice humaine
Pourquoi n'avoir pas informé la population de ces risques, fait une réunion, le questionne la présidente de la cour d'appel, Michèle Martinez. "Il n'y en a certainement pas eu assez, mais il y a eu de l'affichage, pas mal de supports", répond le prévenu. Pourquoi avoir délivré des permis de construire qui violaient les règles de sécurité, demande encore la présidente. "Je faisais confiance aux services instructeurs de l'Etat", rétorque René Marratier."On a le sentiment qu'il s'enfonce, au fur et à mesure des réponses, de plus en plus approximatives", a réagi Corinne Lepage, avocate de l'Avif, l'association des victimes, et d'une centaine de parties civiles, prenant pour exemple le comportement de M. Marratier le soir de la tempête.
Alors que le département avait été placé pour la première fois en alerte rouge,il n'avait pas pris connaissance des fax envoyés par courriel car il n'était "pas féru d'informatique", justifie-t-il à la barre.
L'ancien maire rappelle avoir été lui-même"sinistré" lors de la tempête. "J'ai dû aller reconnaître à la morgue certaines victimes qu'on n'arrivait pas à identifier", raconte-t-il, la voix soudainement étranglée par l'émotion. "Il m'arrive de pleurer tout seul chez moi. Quand j'ai vu les inondations de Nice, j'ai fermé ma télé", ajoute M. Marratier, évoquant une "cicatrice humaine", sous l'oeil ahuri et les cris étouffés de près d'une centaine de parties
civiles -sur 146- présentes dans la salle
Des déclarations peu convaincantes pour les victimes.
"La compassion, c'est sur le terrain, c'est auprès des victimes, c'est pas devant le tribunal. Il n'a jamais eu un geste pour les victimes, jamais", a réagi à l'issue de l'audience l'une des parties civiles, Jacqueline Martinet."Ses erreurs, il ne les reconnaîtra jamais. Ce n'est jamais lui, c'est l'Etat.Les gens sont morts à cause de lui, pas à cause de l'Etat", a-t-elle lancé.
La cour d'appel entendra mardi matin Françoise Babin, puis dans l'après-midi Thierry
Lataste, ancien préfet de la Vendée et actuel directeur de cabinet de François
Hollande.