Alors que le secours catholique a publié son rapport annuel sur l'état de la pauvreté en France, les associations caritatives du Limousin se mobilisent pour leurs bénéficiaires, avant la difficile période de l'hiver.
Dans son rapport 2021, le secours catholique alerte sur la dégradation du niveau de vie des plus pauvres. Et les situations ont de quoi inquiéter : 22% des ménages accueillis n'ont aucune ressource financière et plus d'un quart ne mange pas pendant une journée entière. Notre région n'est pas épargnée.
Choisir entre manger et payer son loyer
Difficile à quantifier, mais dans le Limousin, le délégué régional du Secours catholique le sait : parmi les 6000 personnes aidées, certaines se retrouvent face à ce choix dramatique, manger ou payer le loyer. "A cause des dépenses contraintes, explique Luc Pichon, comme le chauffage, les assurances, certains se privent de nourriture."
Il y a l'aide alimentaire, "mais les colis que nous donnons ne suffisent pas pour une semaine, et puis, pour l'estime de soi, ce n'est pas toujours facile de demander de la nourriture, alors certains préfèrent ne pas manger."
Sans ressource
Le secours catholique du Limousin se retrouve face à une autre difficulté : les personnes sans aucune ressource. "Il y a plusieurs cas de figure, indique le délégué régional de l'association, d'une part nous avons les gens sans papiers, déboutés du droit d'asile, sans aucune ressource, il y a aussi des personnes qui ne touchent pas le RSA ou la CAF parce qu'elles ne savent pas se servir d'un ordinateur, qu'elles ont des problèmes pour remplir des questionnaires en ligne. Elles finissent par abandonner."
De plus en plus jeunes
Mardi 23 novembre, les Restos du Coeur lancent leur 37ème campagne. Une date aujourd'hui symbolique, car l'association aide désormais ses bénéficaires toute l'année.
Sur le département de la Haute-Vienne, 900 000 repas sont ainsi distribués chaque année. Et le constat, c'est l'âge des personnes aidées. "55% des personnes accueillies ont moins de 25 ans", indique Jean-Noël Chambon, le responsable des Restos du coeur de la Haute-Vienne. Une tendance qui date d'avant la crise du covid.
"Pendant la crise sanitaire, nous avons accueilli 20% de personnes en plus, essentiellement des étudiants entre les deux confinements, mais ils ne sont pas revenus depuis," précise Jean-Noël Chambon.
Cibler les besoins
Pour cette 37eme campagne des Restos du coeur, l'antenne de Haute-Vienne veut "cibler les besoins". Des équipes de l'INSEE, l'institut de la statistique, parcourt ainsi différents centres du département afin de demander aux bénéficiaires quels sont leurs besoins.
Il y a quelques années, la demande s'était portée sur l'apprentissage du français et deux ateliers ont vu le jour à Limoges et Saint-Junien.
De son côté, pour cette nouvelle campagne, l'antenne de Creuse lancera un centre itinérant pour venir en aide aux personnes isolées dans le nord et le sud du département.
Rompre l'isolement
Afin de rompre l'isolement de ces personnes qui se sentent aujourd'hui délaissées, ou plutôt qui "ont complètement baissé les bras", analyse Luc Piochon, le secours catholique va mettre en place cet hiver un fraternibus. Il se rendra dans les petites communes rurales, notamment sur le plateau de Millevaches, afin de créer un lien social.
Dans le nord du département de la Haute-Vienne, du côté du Dorat, un co-voiturage solidaire va être mis en place. Et à Limoges, dans le quartier de Beaubreuil l'association veut développer un jardin solidaire, pour en faire un potager partagé.