Sur la base de quatre attaques de brebis survenues au printemps 2018, l'association "Préservons nos Troupeaux des Loups en Limousin" a sollicité un laboratoire allemand pour réaliser des analyses ADN. Selon ces analyses, ce sont des traces de loups baltes qui ont été décelées.
Le loup est bien en Limousin. C'est un laboratoire spécialisé, basé en Allemagne, qui l'avance dans un rapport d'expertises. Mais si le loup "classique" a pu être éventuellement identifié, des traces de marqueurs génétiques de loups baltes ont également été relevées.
C'est "Préservons nos Troupeaux des Loups en Limousin" qui a fait effectuer plusieurs analyses sur des prélèvements réalisés suite à des attaques sur des troupeaux entre mars et mai 2018. L'association, créée au début de l'année, s'est donnée pour objectif de "promouvoir la sauvegarde de l’élevage en Limousin face aux grands prédateurs."
Le laboratoire a travaillé sur des échantillons pour en analyser l'ADN et étudier notamment les possibles similitudes génétiques pouvant exister entre un chien domestique et un loup. Disposant d'une base de données des marqueurs, les scientifiques ont pu faire des rapprochements pour assigner une espèce au prédateur.
Ainsi, l'attaque d'une brebis à Sainte-Anne-Saint-Priest le 31 mai 2018 est attribuée, par le laboratoire, à 80 % à un loup de type "français" ( résultats génétiques similaires à d'autres animaux trouvés en France.)
Un prédateur de la baltique ?
Concernant les trois autres sources de prélèvements, les résultats sont plus complexes.Le laboratoire nuance la thèse du loup pour l'attaque de Gentioux-Pigerolles dans la Creuse en mars 2018 et l'attribue davantage à un chien-loup, un animal hybride, avec des marqueurs de loups d'origine baltique.
Pour l'attaque de brebis à Eymoutiers (Haute-Vienne), le 29 avril 2018, les analyses montrent également une similitude avec des marqueurs de loups baltes. Pour autant, l'évaluation est jugée "difficile" par le laboratoire. Il pourrait s'agir également d'un animal hybride : "une sous-espèce spéciale qui ne se trouve pas dans notre base de données," est-il précisé dans le compte-rendu.
Enfin, le dernier échantillon prélevé sur une attaque à La Nouaille, les analyses ADN ont échoué.
Quand on évoque la présence du loup sur le territoire français, il s'agit généralement de loups d'origine italo-alpine. C'est pour cette raison qu'on en trouve beaucoup dans le sud-est. Sa dispersion et son installation sont sous surveillance.
En revanche, l'ONCFS a identifié un animal d'une lignée balte fin juin 2018 en Lozère. Le laboratoire allemand l'évoque dans plusieurs de ses résultats. Il n'est pas impossible que certains de ces animaux soient issus de croisements. Vu l'origine du canidé, il ne s'agirait pas d'une arrivée "naturel", et l'Office national de la chasse et de la faune sauvage étudie déjà les modalités pour le neutraliser.
Un vrai retour ?
C'est au début des années 90 que le retour du loup (en provenance d'Italie, a été constaté en France. Selon l'observatoire de l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), les spécimens sont fortement présents dans les Alpes. Sa présence est avérée dans les Vosges depuis plusieurs années. Dans le sud-ouest, une présence occasionnelle a été constatée en Dordogne et dans le Lot.Plus spécifiquement en Limousin, les rumeurs vont bon train depuis plusieurs mois. En septembre 2017, la fédération des chasseurs de la Corrèze affirmait que "le retour du loup est maintenant officiellement confirmé " dans le département, mais la préfecture a invalidé l'hypothèse, tout en installant une cellule de veille.