"C'est inimaginable", surtaxés à 34,8% par la Chine, les producteurs d'armagnac craignent une catastrophe économique

Depuis ce vendredi 11 octobre, la Chine impose sur les brandies, ces eaux-de-vie à base de vin, une surtaxe de 34,8% sur les importations en provenance de l’Union européenne. Une décision qui menace la production d’armagnacs et de cognacs, principalement situés en Gascogne et en Charentes.

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À l’origine, c’est une affaire de voitures. Le 4 octobre dernier, l’Union européenne validait les surtaxes provisoires sur les véhicules électriques, exportées de Chine. En réponse, l’État chinois a lancé plusieurs enquêtes d’antidumping sur les importations européennes, notamment les brandies. 

"Rétorsion chinoise"

La puissance asiatique soupçonne en effet l’Europe de pratiquer, après concertation, des prix artificiellement bas sur certains produits, créant ainsi une concurrence déloyale. Elle a donc décidé d’appliquer une surtaxe sur ces produits importés. Parmi eux, les brandies, avec en France, l’armagnac et le cognac : pour eux, la surtaxe est de 34,8%. “L'enquête chinoise a révélé que les importations de brandy en provenance de l'Union européenne faisaient l'objet de dumping sur son marché, ce qui constitue une menace de préjudice important pour la branche de production nationale”, indiquait l’un des quotidiens nationaux.

Une stratégie économique et géopolitique qui a fait bondir les professionnels de la filière. Le 8 octobre dernier, dans un communiqué, ils demandaient aux autorités françaises de “ne pas les abandonner” face “à des rétorsions chinoises qui ne nous concernent pas”.

Bloqués à la douane

Dans les Landes, à Roquefort, Michel Darroze tente de se préparer à cette période compliquée, sans grande marge de manœuvre. “J’étais en Chine le mois dernier. Outre ces impositions, le marché n’est plus aussi facile avec une croissance moins importante qu’il y a trois ans”, indique le PDG d’Armagnac Darroze.

Dans son entreprise, le marché chinois représente environ 12 % de son chiffre d'affaires. À peine quelques jours après leur application, le producteur ressent déjà les premiers effets. “On a une commande sur un container qui est bloquée. Notre importateur va devoir cautionner cette surtaxe pour qu’il puisse la “dédouaner” et donc la récupérer”, explique Michel Darroze.

Des coûts importants qui vont, in fine, se retrouver dans les prix de ventes pratiqués à l’étranger. “On va se retrouver avec des armagnacs qui vont sortir de leur classification de prix”, prévient Michel Darroze.

Il va falloir trouver une solution pour ne pas quitter le terrain après quinze ans d’investissement commercial.

Olivier Goujon,

Président du BNIC Armagnac

De quoi mettre à mal la filière, qui assure déjà enregistrer une baisse de son chiffre d'affaires sur le marché chinois, entre 2023 et 2024, d’environ 1,2 million d’euros. “C’est inimaginable. La Chine représente notre deuxième marché en valeur et le troisième en volume. On ne peut pas voir cela réduit à néant”, indique Olivier Goujon, directeur du bureau national interprofessionnel de l’armagnac.

Pour les 250 producteurs de la filière, ces impôts représentent une punition injuste. “On vit les soubresauts d’un conflit qui ne nous concerne pas. La Chine rend œil pour œil les coups qu’on donne sur les voitures électriques”, regrette Olivier Goujon.

Nouvel An chinois

Habitué des tensions géopolitiques, le producteur landais se dit résigné autant que résilient. “Quand on fait du grand export, on est sujets à ce type de problèmes. On l’a vécu avec le Brexit, les impositions de Trump, la guerre en Russie”, énumère le PDG d’Armagnac Darroze.

La filière demande pour autant une réaction des autorités françaises, avant le Nouvel An chinois, début 2025, temps forts des ventes des alcools français en Chine. “On veut que la diplomatie soit opérationnelle et bienveillante avec une sortie par le haut de ces tensions. On veut seulement commercer avec notre principal marché”, indique le président du bureau national de la filière armagnac.

Si pour l’heure ces surtaxes ne sont pas définitives, les professionnels de la filière craignent qu’elles se pérennisent si l’Union européenne acte ses taxes sur les voitures électriques chinoises. L'État chinois a pour l’instant annoncé maintenir ses droits de douane supplémentaires jusqu’à la fin de leur enquête antidumping, qui devrait s’achever en juillet 2025.

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