"En mer et sur terre, tous solidaires" : les pêcheurs aux côtés des agriculteurs, pour dénoncer le "diktat environnemental"

Le gouvernement a pris un arrêté interdisant la pêche de fin janvier à fin février, pour limiter les captures accidentelles de dauphins. Une décision jugée "incompréhensible" par les pêcheurs. Ce lundi 29 janvier ils ont bloqué un axe stratégique de Bénesse-Maremne dans les Landes. Comme les agriculteurs, ils dénoncent le diktat environnemental et les lourdeurs administratives.

Ils sont une quarantaine, ce lundi, à bloquer ce rond-point stratégique de Benesse-Maremne, dans les Landes, non loin de l'A63. Des pêcheurs landais, mais aussi basques sont réunis pour dire leur colère. Des filets de pêche empêchent toute voiture de passer. Les automobilistes à l'arrêt patientent, sans s'énerver. "En tant qu'automobiliste, quand on subit, on n’est pas content, sourit ce jeune Landais. Après ils n'ont pas tort, ils font partie d'une course et ils n’ont pas les mêmes règles que les autres. Je peux les comprendre".
Un peu plus loin, un Breton en vacances se montre lui aussi compréhensif. "C'est un bon moyen de se faire entendre, à condition de ne pas saccager. Je les soutiens. C'est comme les agriculteurs, il faut être entendu et avancer".

"Diktat environnemental" et "lourdeurs administratives"

Pour limiter les captures accidentelles de dauphins, le gouvernement a pris en octobre un arrêté interdisant la pêche de fin janvier à fin février. Une décision jugée insuffisante par les associations environnementales qui avaient demandé une suspension de la pêche trois moins l'hiver et au moins un mois l'été. Des associations qui avaient par ailleurs regretté que cette interdiction décidée par le gouvernement soit assortie de nombreuses exemptions. Sur ce point, le Conseil d'Etat a fini par leur donner raison fin décembre.

Cette interdiction concerne finalement tous les bateaux de plus de 8m. Elle est donc devenue effective le 22 janvier alors même que le pays commençait à être touché par les blocages des agriculteurs. "Nous sommes deux secteurs dits primaires,c’est-à-dire de la production", rappelle Serge Larzabal, président du Comité Interégional des pêches des Landes et des Pyrénées-Atlantiques. "Et automatiquement on se rejoint sur certains sujets avec des revendications différentes, c’est tout à fait normal. Chacun a besoin de s'exprimer". Ce qui nous réunit essentiellement ce sont deux choses. D'une part, le diktat communautaire et surtout en France le diktat environnemental. On a l'impression que seules les ONG se font entendre des pouvoirs publics. Et ensuite, sur une simplification administrative".

Car les lourdeurs administratives commencent à être pesantes pour tout le monde.

Serge Larzabal

 

"Tout est mis sur le dos des pêcheurs"

Selon le Conseil international pour l’exploration de la mer (CIEM), 9 000 dauphins communs meurent chaque année par capture accidentelle sur la façade atlantique française. Tous ne sont pas retrouvés échoués sur la plage. Un chiffre beaucoup entendu ces derniers mois et que contestent certains pêcheurs.

Pour Serge Larzabal, président du Comité Interégional des pêches des Landes et des Pyrénées-Atlantiques, "c'est la totale incompréhension". "C'est, soit-disant, une mesure d'urgence alors que tous les scientifiques européens, dans leur rapport, c’est écrit noir sur blanc, s'accordent à dire qu'il n'y a pas d'urgence et que la population des cétacés est stable depuis 20 ans". 

Jean-Yves Elissalde, marin-pêcheur à Saint-Jean-de-Luz, considère que si le chiffre peut s'avérer juste, les raisons de cette mortalité n'incombent pas uniquement aux pêcheurs. "J'ai entendu que les pécheurs tuaient 9000 dauphins mais je n'ai jamais entendu parler de mort naturelle, de mort par bactérie, ni de la pollution ou encore du plastique que les dauphins peuvent manger", avance-t-il.

La problématique ce sont ces écologistes qui font du lobbying et qui ont trouvé avec le dauphin un moyen d'atteindre l'opinion publique.

Jean-Yves Elissalde

Marin-pêcheur à Saint-Jean-de-Luz

"Tout est mis sur le dos des marins pêcheurs. On sait qu'on fait de la pêche accidentelle, reconnaît-il. Et cette année 90 % des bateaux sont équipés de répulsifs à dauphin. Mais l'Etat a cautionné une écologie pour nous faire arrêter une pêche durant un mois, sans nous laisser le temps d'essayer ces répulsifs à dauphin".

Toute une filière et un territoire touché

Ce sont au total près de 500 bateaux qui vont rester à quai durant un mois en France. Les pêcheurs vont toucher des indemnisations qui "vont varier entre 80 et 85% du chiffre d'affaires pour tous les bateaux de plus de huit mètres concernés par cette interdiction de pêche", a déclaré Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique.
"Certes, les pêcheurs vont être indemnisés, mais derrière les pêcheurs c'est toute une filière, tout un territoire", répond Serge Larzabal. "Il y a les pêcheurs, il y a la criée, les poissonniers, les mareyeurs et les transporteurs. C'est toute l'économie des territoires maritimes qui est mise en péril par cette décision". Et reste à savoir dans combien de temps les pêcheurs toucheront ces indemnisations.

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