Un cas de grippe aviaire a été détecté le 10 septembre dernier dans les Ardennes, dans l'est de la France. Depuis, le confinement des volailles dans les zones les plus sensibles est obligatoire. Comment appliquer ces directives notamment pour les petits éleveurs dans les Landes ?
Elever sa volaille en plein air. C’est le souhait de bon nombre d’éleveurs landais. Mais les épisodes successifs de grippe aviaire malmènent ces idéaux. L’hiver dernier encore, les éleveurs traversaient une nouvelle crise d’épizootie d'influenza aviaire. Plus de 3 millions de volailles avaient dû être abattues en France.
Pour échapper à une nouvelle hécatombe, ils n’ont pas le choix. Dans les zones les plus sensibles, le confinement des bêtes a été ordonné. Certains, notamment dans les Landes, n’en ont pas les moyens.
Toujours pas indemnisés
Lorsqu’ils ne possèdent pas de bâtiment où mettre à l’abri leur volaille, reste une solution, mettre en place un filet. Des frais pour les éleveurs qui pour certains attendent toujours de toucher les indemnisation liées à la dernière crise l’hiver dernier. « Nous on a remis du budget dans les filets, dans les grillages et dans les piquets », explique Fabrice Lapègue, un éleveur landais.
Et là on est en train de se dire pour combien de temps ? Pareil dans un mois ou deux mois cela va être abattu de nouveau, sachant que les remboursements de ce qu’on a abattu en février, on a toujours rien reçu.
Zones à risque
C’est à Sainte-Marie-de-Gosse que courent les poulets et canards de Fatrice Lapègue. Cette commune est touchée par les obligations de confinement des volailles. L’éleveur n’a donc pas le choix. « On est lié aux zones à risque par rapport notamment au marais d’Orx. Tous les migrateurs passent par ici et aux alentours. Donc, on est dans la zone à risque pour la grippe aviaire », regrette l’éleveur.
Au total, 120 communes du département sont situées dans ces zones à risques particuliers (ZRP) et sous le coup de mesures restrictives.
« On va vers une crise sociale sans précédent » (Modef)
Mis à part le crève-cœur que représente le fait de ne plus voir ses volailles en plein air, pour beaucoup de petits éleveurs l’application de ces mesures parait compliqué. Ils manquent de moyens financiers pour faire face à la situation. Le vice-président du syndicat agricole le Modef, Christophe Mesplède, est inquiet. Ce nouvel épisode de grippe aviaire pourrait avoir des conséquences désastreuses à ses yeux. « Je pense qu’on va vers une crise sociale sans précédent», dit-il.
Je suis abasourdi d’entendre des réactions de la chambre d’agriculture où on dit qu’on va mettre les animaux dedans, mais les producteurs n’ont pas tous cette capacité.
"Certains oui, mais c’est une minorité", poursuit le représentant syndical. "Donc on fait quoi ? Et bien aujourd’hui, ils arrêtent de produire, et quand on ne produit pas il n’y a pas de revenu ». Beaucoup se demandent si ce n’est pas l’élevage en plein air qui finit par être menacé à force de voir ces crises se répéter.
Alors que le risque lié à la grippe aviaire vient d’être relevé en France la @ConfPaysanne et le @ModefNational craignent que la gestion de crise qui pourrait pénaliser les éleveurs de plein air voire signer la « fin de l’élevage de plein air ».https://t.co/zc2SojPpe7
— La France Agricole (@FranceAgricole) September 14, 2021
« Cela sera un combat collectif » (CIFOG)
« C’est vrai que c’est tôt par rapport aux dates qu’on a tous en tête sur le passage migratoire », explique Eric Dumas, président du CIFOG (Comité Interprofessionnel des Palmipèdes à Foie Gras). Le 10 septembre dernier, il confiait à nos confrères de l’AFP « pas d'affolement". "C'est une mesure d'extrême prudence et de précaution. C'est tôt, mais cela permet de mieux se préparer". Aujourd’hui, s’il reconnaît « que c’est compliqué une épidémie non-maîtrisée, on sait ce que cela vaut (…) », met-il en garde. « La mise à l’abri règlementaire est obligatoire », rappelle Eric Dumas qui était ce mardi 14 septembre l’invité du 19/20 en Aquitaine.
« Sur toute exploitation, il y a toujours un bâtiment où est stocké le matériel agricole », poursuit le président du CIFOG. « Imaginons de sortir le matériel et de mettre les animaux à l’intérieur. Mettez des filets. Il faut qu’on respecte une chose, renforcer la biosécurité en nettoyant et désinfectant systématiquement. Cela fait partie des gestes de prévention. Cela fait normalement partie des zones qu’on doit mettre en place. (…). Cela sera un combat collectif".
Il n’y a pas de petits ou de grands producteurs. Tous, individuellement nous devons être responsables.
La période des fêtes approche. La France est le pays qui vend le plus de foie gras au monde. « Habituellement, environ 30 millions de canards gras y sont élevés par an », indique-t-il à l’AFP. « Un chiffre tombé à 21 millions cette année ».