La guerre en Ukraine a des conséquences sur l'agriculture française. Depuis six mois, en raison d'une réorientation des flux internationaux, le poulet ukrainien inonde le marché français. La filière avicole locale, dont les coûts de production sont bien plus élevés, en subit les conséquences. Notamment dans les Landes.
C'est encore un nouveau coup de massue pour les éleveurs déjà marqués par plusieurs années de grippe aviaire. Cette fois, l'inquiétude se porte sur le prix de vente de leur production qu'ils ne sont pas sûrs d'écouler face à la concurrence des poulets ukrainiens.
1 poulet sur 2 est importé
Aujourd'hui, un poulet sur deux, consommé en France, a été importé. C'était seulement un sur quatre, il y a 20 ans.
Car la guerre et le blocage maritime qui en découle obligent l'Ukraine à se tourner vers l'Ouest. En soutien à l'économie du pays, l'Union européenne a, par ailleurs, supprimé les droits de douanes et les quotas imposés jusqu'ici aux produits ukrainiens.
C'est ainsi que le poulet, produit en Ukraine, inonde le marché français depuis six mois. On compte même une augmentation de 122 % des importations en un an ! Avec un coût, deux fois moindre. Mais c'est également le cas pour les importations de poulets brésiliens.
D'où l'inquiétude des éleveurs français car le prix n'est pas le même, mais le mode de production et la qualité ne sont pas les mêmes n'ont plus.
Dans les Landes, l'éleveur Michel Larrère explique cette distorsion du marché : "La consommation n'évolue pas en France. Donc tout ce qui est importé, sera en moins à produire pour les éleveurs landais".
A nous, on nous demande de faire de la qualité, du bien-être animal, de faire attention au bilan carbone... il faut qu'on soit parfait. Et on importe de plus en plus.
Michel Larrère, éleveur de poulets dans les LandesFrance 3 Aquitaine
Ils demandent des compensations
Pour Bernard Tauzia, membre du bureau de l'interprofession volailles de chair (ANVOL), laisser libre champ aux importations met les éleveurs en situation de concurrence déloyale.
"Ces pays-là n'ont pas les mêmes normes de production que nous : en terme de taille des élevages, de respect du bien-être animal, en terme d'environnement, notamment du plan d'épandage, d'utilisation d'antibiotiques... Et ça fait une différence de coût". Il explique également que cette montée en qualité, c'est ce qu'attend le consommateur français mais que "dans l'assiette, il n'a pas le même produit".
Les éleveurs estiment qu'il faut pouvoir expliquer que leur production, notamment ici dans les Landes, "n'a pas d'antibiotiques, d'hormones, d'OGM..." Pour cela, il faudrait aller plus loin en imposant l'étiquetage sur les produits transformés. Par exemple, quand il y a du poulet dans les salades. Pour que le consommateur puisse choisir le produit français en connaissance de cause.
Quant aux importations ukrainiennes pour soutenir l'économie du pays en guerre, ils estiment que la solidarité ne doit pas être supportée par leur activité déjà fragilisée.
Dans tous les échanges commerciaux, c'est la volaille la monnaie d'échange. Que ce soit avec le Brésil, l'Ukraine...
Bernard TauziaFrance 3 Aquitaine
"Nous n'avons rien contre l'Ukraine..." mais s'il faut les aider, "il faut des compensations".
L'interprofession dont faire partie l'éleveur en appelle donc à l'Etat pour demander des compensations et éviter une nouvelle crise qui, selon eux, menace leur activité donc leurs emplois.