800 hectares de forêt de pins maritimes sont affectés par la rouille vésiculeuse dans le sud des Landes. Un champignon qui bloque le passage de la sève. L'arbre se dessèche et meurt. Un fléau dont l'origine reste pour l'heure inconnue.
"Voyez là, c'est une plantation qui a 5 ans et on constate 80% de dégâts".
Richard Rignacq est amer.
Sylviculteur sur la commune de Léon dans le sud des Landes, il a vu ses pins se détériorer petit à petit depuis 3 ans.
"La parcelle est complètement ruinée, on va devoir repartir de zéro" se désole t-il. Selon les recommandations de la direction des forêts, toute parcelle infestée à plus de 40% devrait être complètement broyée.
Le champignon se propage dans le sud des Landes
Dans le département, près 800 hectares de pins sont touchés dans un carré comprenant les communes de Léon, Magescq, Castets et Herm.
"Une telle ampleur sur le massif c'est du jamais vu" affirme Pierre Teyssier, le conseiller forestier de la chambre d'agriculture en charge de la surveillance sanitaire des forêts, "c'est pour ça que le phénomène est inquiétant".
400 échantillons d'arbres ravagés ont été prélevés sur les parcelles infectées et sont en cours d'analyse par l'Anses, l'agence nationale de sécurité sanitaire. Il s'agit de connaître l'origine génétique du champignon qui a fait son apparition ici en 2018.
"C'est tout juste un an après la mise en culture de pivoines dans un champ situé à proximité" souligne Richard Régnacq.
Un champ de pivoines à l'origine du problème ?
Pour lui le lien ne fait quasiment aucun doute. "Mais je ne suis pas scientifique" tempère t-il. "Si jamais ce lien de cause à effet est démontré par les résultats des analyses, je demanderai l'interdiction de cette culture de pivoines. L'horticulteur peut tout à fait se mettre à cultiver des tulipes qui elles ne posent pas de problème".
Le conseiller forestier, Pierre Teyssier, préfère lui n'avancer aucune hypothèse. "Ce que l'on sait c'est que la pivoine est un hôte alternant de ce champignon, mais il y a une liste de plus de 90 espèces naturelles qui sont aussi des hôtes potentielles et peuvent être présentes dans le secteur".
L'Anses rendra ses conclusions en fin d'année. Il y a urgence car "l'invasion est massive et le développement de cette rouille vésiculeuse totalement anarchique" alerte le sylviculteur landais.
De lourdes pertes
Les pertes sont d'ores et déjà très lourdes pour la profession. "Entre le coût du reboisement et l'amortissement de la plantation c'est une perte de 2000 euros à l'hectare" affirme t-il. 1 million 6 pour 800 hectares.
Le fléau devrait toutefois pouvoir être stoppé une fois l'origine du mal connue.
En attendant, installé sur le collet des arbres, juste au-dessus des racines, le champignon empêche la montée de la sève. L'arbre et les aiguilles jaunissent, brunissent puis dessèchent et meurent.
Regardez le reportage d'Alexandre Perrin et Alexandra Lassiaille :