Il a été reconnu coupable fin 2020 d'avoir assassiné ses parents et tenté de tuer son frère autiste pour récupérer le "pactole" familial avec la complicité de sa compagne kazakhe. Kévin Rouxel et la jeune femme comparaissent à partir de mardi devant la cour d'assises d'appel de Mont-de-Marsan.
Le procès, prévu sur deux semaines, a déjà été renvoyé trois fois en première instance. Sa tenue reste incertaine. L'état psychologique de Kévin Rouxel, objet d'une nouvelle expertise, pourrait provoquer un report des débats s'il n'était pas en état de comparaître.
"Je le suis depuis six ans et j'ai écrit au président de la Cour d'assises car son état psychique me paraît extrêmement préoccupant", a expliqué son avocat, Me Zapirain.
En novembre 2020, Kévin Rouxel et Sofiya Bodnarchuk avaient été condamnés en première instance à 30 et 20 ans de réclusion pour assassinat et complicité d'assassinat par la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques.
Les faits remontent au 20 février 2016, à La Bastide-Clairence, un village basque. La famille Rouxel - Kévin et sa femme alors âgés de 24 ans, leur enfant de deux ans, le frère Yann et les parents - est réunie pour un repas d'anniversaire. Kévin est accusé, avec la complicité de Sofiya, d'avoir assassiné au revolver ses parents et tenté de tuer son frère aîné, atteint du syndrome d'Asperger.
un pactole de 1,5 million d'euros
Kévin Rouxel, qui a reconnu les faits, avait expliqué vouloir récupérer un "pactole" estimé à 1,5 million d'euros, "voire 2 millions si on se débrouillait bien". Une somme que ses parents comptaient léguer à son frère aîné. Ce dernier avait été découvert par les gendarmes en état de choc tandis que les corps sans vie des parents gisaient dans la salle à manger et la cuisine.
Avec son épouse rencontrée sur internet, il avait acheté du matériel - alcool à brûler, acide chlorhydrique - pour faire brûler la maison en emportant les biens de valeur. Une "check list" écrite de sa main avait été trouvée. S'il avait d'abord assuré avoir agi seul, Kévin Rouxel avait fini par accuser de complicité Sofiya, qui a depuis demandé le divorce. Le couple s'était fissuré en pleine audience devant la cour d'assises en 2018. Depuis lors, pour Kévin Rouxel, l'objectif était clair : entraîner dans sa chute sa compagne d'alors. Il l'a redit lors du dernier procès :
"Sofiya et moi, on a tué".
Cette dernière, a contrario, a toujours nié son implication, dans la préparation comme dans la réalisation. Sa défense, assurée par Mes Edouard Martial et Grégoire Mouly, "ne peut pas se résoudre à ce que la condamnation de Sofiya Bodnarchuk repose sur une crédibilité supposée de Kévin Rouxel". Le parquet, lui, voit dans cette affaire "un crime crapuleux". Si la jeune femme, alors sous contrôle judiciaire, comparaissait libre en novembre 2020, cette fois, elle sera dans le box des accusés.
Suite à sa condamnation, elle avait été brièvement hospitalisée en psychiatrie, à Pau. Kévin Rouxel, lui, s'est fait remarquer en octobre dernier avec une nouvelle tentative d'évasion. La première remontait à 2016, alors qu'il était en détention provisoire. Il avait pris en otage une infirmière de la maison d'arrêt de Bayonne.
Après un premier procès, en décembre 2018, émaillé d'incidents (un malaise de Sofiya Bodnarchuk en plein interrogatoire et une tentative de suicide de Kévin Rouxel), le second, en mai 2019, avait aussi dû être renvoyé, en l'absence du principal accusé Kévin Rouxel, alors hospitalisé. Le troisième, en mars 2020, avait été interrompu par l'irruption de la crise sanitaire.
Il avait fallu attendre la quatrième tentative, en novembre 2020, pour parvenir
à un verdict.