Reporté à trois reprises, le procès d'un double parricide sur fond d'héritage, commis en 2016 à la Bastide-Clairence au Pays-Basque, s'ouvre ce jeudi 18 novembre à la Cour d'Assises de Pau.
C'est la quatrième fois que la justice va tenter pendant une semaine, à compter de ce jeudi 18 novembre, de juger Kévin Rouxel, accusé de l'assassinat de ses parents, et Sofiya Bodnarchuk, son ex-compagne, poursuivie pour complicité d'assassinats.
Un procès "damné", selon l'expression du principal accusé en mars dernier lorsque le confinement interrompait abruptement les débats.
Un procès reporté à trois reprises
C'était alors le troisième renvoi. Le premier, en décembre 2018, avait été décidé après le malaise deUne nouvelle fois donc, la cour d'assises des Pyrénées-Atlantiques tentera de pénétrer ce huis clos qui a viré au drame, le dimanche 20 février 2016, lors d'un repas dominical dans la maison familiale de la Bastide-Clairence.
Tués à coups de revolver
Kévin Rouxel est accusé d'avoir assassiné au revolver ses parents, Pascal et Ewa Rouxel, 55 et 54 ans, avec la complicité de sa compagne kazakhe, aujourd'hui âgée de 27 ans comme lui.Il est aussi accusé d'avoir tenté de tuer son frère aîné Yann, atteint du syndrome d'Asperger. Ce dernier avait été découvert par les gendarmes en état de choc tandis que les corps sans vie de ses parents gisaient dans la salle à manger et la cuisine.
S'il avait d'abord assuré avoir agi seul, Kévin Rouxel avait fini par accuser sa compagne de complicité. "Lui, il apporte à l'appui de ses déclarations des éléments qui plaident en faveur d'une complicité, il ne pouvait pas préparer tout ça sans qu'elle soit au courant", assure Me Emmanuel Zapirain, avocat du jeune homme.
Plus d'un million d'euros en vue
Le mobile ? Récupérer un pactole estimé entre 1 et 1,5 million d'euros, selon Kévin Rouxel. Avec son épouse rencontrée sur internet, il avait acheté du matériel - alcool à brûler, acide chlorhydrique - pour faire brûler la maison en emportant les biens de valeur. Une "check list" écrite de sa main avait même été trouvée.La complicité de sa compagne en question
"Dans tous les cas, cette fille est un détonateur, dans le meilleur des cas involontaire, mais il est évident qu'elle en a eu l'idée et qu'il a foncé dedans, voire qu'ils l'ont fait ensemble", assure Me Zapirain.Une complicité dont est aussi convaincue la famille Rouxel qui considère que "le malheur est arrivé par elle", dit Me Alain Astabie, avocat de la partie civile. "Lui reconnaît les faits, mais elle non, elle est dans l'évitement", regrette l'avocat.
"Il a pété les plombs et fait d'elle sa complice"
"Des mensonges" fondés sur "le cliché de la fille de l'Est, manipulatrice, qui ne fait ça que pour le fric", répond Me Edouard Martial, le nouvel avocat de Sofiya Bodnarchuk, qui plaidera sa cause pour la première fois devant la cour d'assises paloise. "J'attends le procès, parce que c'est celui où tous les mensonges s'affronteront", ajoute-t-il.Il tentera de persuader les jurés que sa cliente n'a participé en rien au double parricide, ni à sa préparation, ni à son exécution. "Quand Kévin a senti que Sofiya allait lui échapper sentimentalement, il a pété les plombs et a fait d'elle sa complice".
Remise en liberté sous contrôle judiciaire le 30 janvier 2019, la jeune femme comparaîtra libre.
Reste l'incertitude, en ces temps d'épidémie, que le procès soit mené à son terme. En mars 2019, on était à quelques heures du verdict quand l'apparition du Covid-19 avait contraint le tribunal à renvoyer le procès.