Le parquet d’Agen a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire dans le cadre de la disparition de Medhi Narjissi, en août au large de Dias Beach, en Afrique du Sud. Une requalification qui "satisfait pleinement" la famille.
C’est une nouvelle qualification lourde de sens. Ce mercredi 16 octobre, le parquet d’Agen a ouvert une information judiciaire pour homicide involontaire dans l’affaire autour de la disparition de Medhi Narjissi. Dans un communiqué, le parquet d'Agen précise la qualification d'homicide involontaire par "maladresse, imprudence, inattention, négligence ou manquement à une obligation de sécurité ou de prudence imposée par la loi ou le règlement".
"C'est une excellente nouvelle, exactement ce qu'attendait la famille", réagit Me Edouard Martial, l'avocat de la famille Narjissi qui se félicite de "la vitesse soutenue" du parquet et du juge d'instruction dans cette affaire.
Homicide involontaire
À 17 ans, Medhi Narjissi disparaissait le 7 août dernier dans les violents courants de Dias Beach, au sud de Cape Town en Afrique du Sud, où il se trouvait avec l’équipe de France pour une préparation. Emporté par les flots lors d’un exercice, son corps n’a pour l’instant pas été retrouvé. Une douleur pour les parents qui dénonçaient la mise en danger de leur fils, et des autres jeunes joueurs, par l’équipe encadrante.
Cette ouverture a été réalisée suite aux retours des actes d'investigation réalisés dans le cadre d'une première information judiciaire, ouverte le 3 septembre, pour recherche des causes de la disparition du Stade Toulousain. "Le juge d'instruction a pu entendre ou faire entendre les parents du jeune homme et quelques premiers témoins", indique le parquet dans son communiqué.
Le juge d’instruction est désormais en charge de la conduite de l’enquête judiciaire de ce chef d’homicide involontaire.
Olivier Naboulet,Procureur de la république d'Agen
Ce dossier, confié aux magistrats du parquet d'Agen, a ainsi permis de confirmer "le caractère inquiétant" de la disparition de Medhi Narjissi ainsi que l'absence de corps, celui de Medhi n'ayant pas été retrouvé.
"Début de la guerre"
Le réquisitoire permet donc de requalifier l'information judiciaire pour établir les responsabilités de chacun. "Celle-ci devra permettre d’établir si une ou des maladresses, une ou des imprudences, une ou des inattentions, une ou des négligences, un ou des manquements à une obligation de sécurité ou de prudence qu’une loi ou un règlement auraient imposé ont été commis, ou non", précise le procureur d'Agen.
Pour l'avocat de la famille, "la problématique des responsabilités individuelles et collectives va désormais se poser". "Les enquêteurs ont entendu déjà deux personnes de l'équipe, mais ce jour-là, ils étaient huit sur la plage. Tous vont désormais devoir répondre de leurs décisions de mettre les enfants dans l'eau, mais aussi pourquoi quand ils ont vu Medhi disparaître, ils n'ont pas bougé et sont restés en rang d'oignon quand Oscar, d'un geste désespéré, tente de sauver son ami", avance Me Edouard Martial.
Pointé du doigt par la FFR, le manager de l'équipe des U18 dont faisait partie Medhi Narjissi a, lui, porté plainte pour dénonciation calomnieuse. De son côté, le préparateur physique qui a longtemps préféré garder le silence, a réagi aux propos du manager, infirmant sa version. "Le manager affirme ne pas avoir su la dangerosité de la plage avant que les enfants ne soient dans l'eau. Une version démentie par le préparateur physique qui assure qu'une réunion s'est tenue la veille à ce sujet", indique Me Edouard Martial.
C'est déjà la guerre entre les responsables de cette équipe des U18.
Me Edouard Martial,Avocat de la famille Narjissi
En parallèle du processus judiciaire, une enquête avait alors été menée, auprès des parents de Medhi Narjissi mais aussi au sein de la Fédération Française de Rugby (FFR), du président et de l’équipe encadrante. Deux autres jeunes joueurs ont également été entendus par les enquêteurs.
Les parents de Medhi Narjissi ont, à plusieurs reprises, témoigné de leur colère et dénoncé la responsabilité du staff de l’équipe de France et notamment du préparateur physique. Un rapport interne de la FFR avait alors été réalisé, le 12 septembre. Suite aux conclusions préliminaires, plusieurs conseillers techniques sportifs ont été suspendus à titre conservatoire par le ministère des Sports.