Depuis quelques années, les vols d’arbres sont en recrudescence. Premières cibles, les municipalités, mais aussi les pépinières, parfois démunies face aux motivations des malfaiteurs.
C’est déjà la troisième fois à Sainte-Bazeille, en moins de deux mois. Au total, vingt arbres ont été dérobés dans ce parc de la commune lot-et-garonnaise. D’à peine quelques années, ils venaient d’être plantés par les enfants nés dans le village et leurs familles. “Ici, il y avait un arbre planté pour célébrer la naissance d’une petite fille en 2021. Il a été arraché et volé, c’est lamentable, méprisable et déplorable”, fulmine Gilles Lagaüzère, le maire de la commune. Comme les fois précédentes, il a signalé les vols en mairie, mais faute de caméra, l’identité des voleurs reste, pour l’instant, inconnue.
"Mais pour quoi faire ?"
De la colère et du dépit. Dès qu’ils ont appris la nouvelle, les parents sont venus constater les dégâts. Axandre Tansini et Marianne, sa petite fille de deux ans, ont été touchés. “C’est un symbole du lien entre la ville et les enfants. On peut le voir évoluer, ça a une valeur sentimentale”, regrette ce père de famille.
De valeur pécuniaire en revanche, ces arbres n’en ont pas vraiment. “Ce n'est pas considérable”, reconnaît le maire. “Entre 30 et 40 euros”. De quoi rajouter à l’incompréhension qui règne parmi les habitants. “Aller voler des arbres, mais pour quoi faire sérieusement”, s’interroge une habitante, scandalisée.
Les voleurs d’arbres de Sainte-Bazeille sont loin d’être les seuls. Chaque année, une grande partie des communes sont victimes de vols. S’ils touchent généralement les fleurs ou les arbustes, certains téméraires n’hésitent désormais pas à s’en prendre aux arbres. “Je travaille avec une vingtaine de communes, et au moins un tiers d’entre elles m’appellent pour revenir en planter parce que les leurs ont été volés”, reconnaît Frédéric Labat, responsable de la pépinière de Portets.
Revendus sur internet
Lui aussi est d’ailleurs une cible de choix. “J’avais au moins deux intrusions par mois. Un jour, on m’a volé un olivier qui valait 150 euros alors, j'ai fait installer une alarme”, explique le pépiniériste qui se lève encore régulièrement la nuit. “On fait des rencontres parfois”, s’amuse-t-il.
Pour lui, pas de doute, c’est l’argent qui motive ces vols. “Ils les revendent ensuite facilement sur Le bon coin, il n’y a pas de traçabilité, surtout s’ils enlèvent les étiquettes”, explique Frédéric Labat. D'autres y voient un moyen de faire des économies en aménageant leur jardin, à moindre coût.
En moyenne, un oranger est revenu une trentaine d’euros, jusqu’à plusieurs centaines pour des essences plus rares ou plus anciennes.