Lot-et-Garonne. Jean-Marie Bockel en déplacement au camp de harkis de Bias : "tous ceux qui ont vécu ici ont droit à une indemnisation"

Jean-Marie Bockel, président de la commission pour l'indemnisation des harkis, s'est déplacé ce mardi à Bias, en Lot-et-Garonne, ce mardi.

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Nommé en mois de mars président de la toute nouvelle Commission nationale indépendante de reconnaissance et de réparation des préjudices subis par les harkis, l'ancien ministre Jean-Marie Bockel était en déplacement à Bias en Lot-et-Garonne. 

Au début des années 60, ce camp de harkis a accueilli environ 6 000 Algériens, qui avaient été recrutés par l'armée française coloniale.
Des hommes, des femmes, et des familles entières qui sont arrivés en France au moment où l'Algérie prenait son indépendance, et qui ont conservé leur nationalité française après la décolonisation.

Conditions indignes

Si le plus connu de ces camps d'internement militaire est celui de Rivesaltes dans les Pyrénées-Orientales, le camp de Bias avait une particularité :  contrairement aux autres camps établis sur le territoire, il ne s'agissait pas d'un camp de transit. Il accueillait encore des familles jusqu'en 1975. Sur place les conditions de vies étaient extrêmement précaires et assorties d'un climat de violence, de privation de liberté, et d'exclusions.

Depuis la création de la commission en janvier, 15 000 demandes d'indemnisation ont été reçues, et 2 000 dossiers sont traités, affirme Jean-Marie Bockel, qui multiplie les déplacements.

"La dimension mémorielle, d'écoute de notre travail, on ne peut pas la faire que de Paris. (...) Il faut aller sur place", a t-il affirmé, avant de rappeler le douloureux vécu des harkis de Bias.

Ici à Bias, étaient présentes des personnes dites "incasables". Des personnes qui cumulaient un certain nombres de difficultés ont été regroupées, avec une dimension de souffrance, voire même d'indignité, pour citer certains rapports.

Jean-Marie Bockel, président de la commission d'indemnisation des harkis

France 3 Aquitaine

"Il n'y aura jamais d'indemnisation parfaite"

Plus de cinquante ans plus tard, et après avoir été condamné en 2018 à indemniser un fils de harki, l'Etat s'apprête enfin à écouter ces familles mais aussi à leur proposer une réponse concrète. "Tous ceux qui ont vécu ici ont droit à une indemnisation, qui s'ajoute à tout ce qui a déjà été fait par leur passé. Mais nous restons également à l'écoute de leurs attentes de leurs critiques, et de ce qui pourrait être encore amélioré en terme de reconnaissance et d'indemnisation", assuré le président de la commission.

 

Une indemnisation forfaitaire, oscillant entre 2 000 et 16 000 euros par personne concernée, et dont le montant est jugé insuffisant par les principaux concernés. "Toute indemnisation est dérisoire par rapport à certaines souffrances, rétorque l'ancien ministre. Mais le principe de cette indemnisation, c'est aussi une forme de reconnaissance. Il n'y aura jamais d'indemnisation parfaite, , réfutant pour autant le terme "d'indemnisation symbolique"

En France, une dizaine de camps et de hameaux de forestage ont été créés dans les années 60.  "Nous serons également à l'écoute des harkis et des enfants de harkis qui n'étaient pas dans les camps, qui ont également rencontré des souffrances et des discriminations", a promis Jean-Marie Bockel, dont la mission doit s'étendre sur quatre ans.  

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