Abeilles en danger : comment réagir ? Cette fois c'est l'initiative d'un comité de soutien aux abeilles composé de sénateurs et députés pour une application plus stricte de l'interdiction des néonicotinoïdes, pour défendre une filière dont la production est baisse et doit faire aux importations.
Ils sont plus d'une centaine, sénateurs et députés, à exiger une meilleures traçablilité pour le miel ainsi qu'une limitation au maximum l'utilisation des néonicotinoïdes. Parmi eux, on compte Loïc Prud'homme député de la 3e circonscription de la Gironde. Il fait même partie des ambassadeurs de ce comité.Les néonicotinoïdes en France
"En 2016, les parlementaires français ont inscrit dans la loi l’interdiction des insecticides néonicotinoïdes à partir de septembre 2018" explique le comité. "Cette décision est fondée sur de nombreuses études, accablantes quant à l’impact de ces pesticides sur la biodiversité, les pollinisateurs et en particulier les abeilles". Aujourd'hui il existerait néanmoins des moyens de contourner la loi et d'obtenir des dérogations. Le comité veut donc mettre en place une application stricte des textes de loi et entend "définir précisément ce que c'est, un pesticide néonicotinoïdes".L'interdiction de l'europe bientôt élargie ?
"En 2013, l’Europe a décidé d’interdire partiellement les usages de 3 insecticides néonicotinoïdes (imidaclopride, thiaméthoxam et clothianidine2) pour les traitements de semences de certaines cultures et pour les pulvérisations sur les plantes attractives pour les abeilles" ont expliqué les élus dans un communiqué.La Commission européenne propose aujourd’hui aux États membres d’étendre l’interdiction de ces 3 molécules à tous les usages en plein champs. Mais le vote des Etats membres prévu le 22 mars sur cette proposition aurait été repoussé. C'est "inacceptable" aux yeux du comité.
Une meilleure traçabilité
En France la production de miel est en baisse. Elle a été divisée par trois en 11 ans en passant de 33 000 tonnes en 1995 à 10 000 tonnes en 2016 et en 2017 selon le comité. Du coup dans le même temps les importations auraient augmenté d'autant (venant de Chine, d’Ukraine, d’Argentine, de Hongrie, d’Espagne, d’Italie).Il se trouve qu'en France 75% des miels importés seraient selon le comité des miels mélangés. Et si les textes européens obligent à mentionner l'origine du miel lorsque sa provenance est unique ce n'est pas encore le cas lorsqu'elle est multiple.
"C’est la raison pour laquelle il a été proposé aux parlementaires adhérents du Comité de soutenir un amendement à la loi agricole visant à rendre obligatoire la mention de l’origine par pays des miels issus de mélange" explique le communiqué. A ce jour, 69 parlementaires se se seraient engagés à déposer ou soutenir cet amendement.
Quelques chiffres clés sur la filière
Le rôle des abeilles est incontestable. Notre environnement ne serait pas le même sans le rôle pollinisateur des abeilles. Notre alimentation aussi en dépend.Selon le comité, "l’apiculture en France représente 133 millions d’euros de chiffre d’affaires, près de 100 000 emplois concernés et environ 3 milliards d’euros engendrés par l’action pollinisatrice des abeilles".
"Pourtant, aujourd’hui, après avoir survécu à tous les changements climatiques, les abeilles sont menacées en raison de mutations profondes de l’environnement dues notamment à des pratiques agricoles inadaptées et particulièrement l’emploi abusif de produits phytosanitaires".
"En France, depuis 1995, près de 30 % des colonies d’abeilles disparaissent chaque année. En 10 ans, 15 000 apiculteurs ont cessé leur activité".