Vivre et travailler au vert ? De plus en plus de Français en rêvent. A l’heure où les métropoles ne cessent de s’agrandir, des familles veulent au contraire retrouver des villes à taille humaine, proches de la campagne. Une tendance qui s’accentue avec la crise du Covid.
« Le décennie 2020-2030 sera celle des villes moyennes ».
La citation est signée Jean Dionis du Séjour. Le Maire d’Agen, invité à s’exprimer sur la dynamique immobilière post-COVID sur le plateau de Dimanche en politique, diffusé par France 3 Aquitaine, l’explique ainsi :
Autant la décennie 2010-2020 a été celle des grandes métropoles régionales comme Bordeaux, autant je suis persuadé que la décennie qui arrive sera celle des villes moyennes. Mais pas n’importe lesquelles : celles qui auront su faire bouger leur offre de service pour capter cette nouvelle clientèle de CSP+ jeune.
Et de citer l’exemple d’un jeune cadre télétravaillant quelques jours par semaine, en attente d’horaires de TGV plus matinaux pour être à l’heure au bureau à Paris.
L’entre-deux des villes moyennes
Semaine après semaine, classements et palmarès célèbrent la qualité de vie et l’entre deux des préfectures de province : ni trop grandes ni trop petites, ni trop citadines, ni trop isolées.
Il y a quelques jours encore, le classement des « Villes et villages de France où il fait bon vivre » couronnait Annecy, Angers ou La Rochelle et encensait la quiétude du Sud-Ouest. Parmi les villes les mieux classées : Pau, Biarritz et, dans une moindre mesure, Agen.
Depuis le traumatisme du premier confinement, pas un mois ne se passe sans qu’un hebdomadaire n’annonce un exode parisien vers la campagne et les villes secondaires.
#Agen, 14e au palmarès des centres-villes dynamiques ! Étude réalisée via un partenariat entre @villes2fr, association d’élus des villes moyennes, et @MYTRAFFIC_TM , start-up française leader européen de l’analyse du flux piéton. INFOS ? https://t.co/wCzG7yhBbT pic.twitter.com/CDO35Y15tc
— Ville d'Agen (@villeagen) March 22, 2021
Changement d'ère
Dans son édition du 18 mars 2021, Le Nouvel Observateur prédit en matière d’immobilier « Un changement d’ère », se penchant sur les envies de l’après-Covid.
Dans les pages du magazine, des couples de Parisiens confient leurs envies de nature pour élever leurs enfants, de déjeuners au soleil et de balançoires dans les jardins.
« Enfin, j’ai envie de dire ! » sourit ce professionnel de l’immobilier.
Ils se rendent enfin compte que oui, il fait bon vivre en province et que l’on peut disposer de tous les services à proximité sans les inconvénients de Paris !
Pour Gilles Thinon, gérant d’Agence Century 21 à Poitiers, l’exode a bel et bien commencé. Il a débuté l’an dernier lorsque plusieurs contacts parisiens se sont manifestés, puis il s’est accéléré fin 2020 pour réellement se concrétiser en début d’année 2021.
Au téléphone, des Parisiens souhaitant quitter Paris. Ils sont professeurs d’université ou exercent une profession libérale. Tous avec la même demande : des espaces extérieurs et du calme. Depuis peu, même certains Bordelais se tournent vers Poitiers.
Des couples de cadres bordelais et toulousains
Plus au Sud, à Agen, quelques Parisiens, également, sonnent aux portes des agences. De jeunes retraités essentiellement, souhaitant quitter la région parisienne pour la campagne.
Mais la tendance lourde, ce sont les couples de cadres et les familles avec jeunes enfants venus de Toulouse et Bordeaux. Ils arrivent avec de beaux budgets : entre 300 et 400.000 euros. Des mutations, souvent, mais aussi des salariés en télétravail qui envisagent un déplacement une à deux fois par semaine dans la Métropole.
En tête de leurs motivations pour s’installer autour d’Agen : pas de bouchon de circulation et des prix attractifs, mais aussi la qualité des écoles comme des universités, ainsi que l’accès à la culture.
« Mais attention », prévient Mohcine El Haouari, responsable de l’Adresse à Agen, « la vérité du marché a changé ».
On voit arriver des couples ayant vendu leur logement à Bordeaux pour 350.000 euros et qui espèrent une maison extraordinaire ici. C’était le cas il y a quelques années mais ce n’est plus vrai. En quatre ans, le marché agenais a bondi de 25% .
La faute… au marché immobilier bordelais, boosté par l’arrivée de la ligne à grande vitesse (LGV). Dans la métropole girondine, les prix ont explosé, obligeant les familles à des arbitrages.
Quitte à aller vivre à 25 minutes de Bordeaux, voire encore plus loin, dans le Langonnais, certains se disent : pourquoi ne pas se créer une nouvelle vie à Agen, qui dispose de toutes les commodités ?
Le phénomène Covid ne vient donc que s’annexer à cette tendance forte entamée voici quatre ans et directement liée aux prix de l’immobilier.
Jusqu’à 500.000 euros pour une belle villa au centre d’Agen
Mais le résultat est là : « en un an et demi, les prix se sont envolés autour d’Agen. Conséquence, les gens du cru se retrouvent déconnectés, désarçonnés par des montants d’achats trop importants », nous confie un agent immobilier.
Il y a quatre ou cinq ans de cela, vous trouviez une belle maison pour 200.000 euros. Aujourd’hui, il vous faudra débourser 300-350.000 euros sur l’agglomération. Et entre 400 et 500.000 euros pour une très jolie villa à Agen.
Il faut dire que la ville et son agglomération ne cessent d’attirer de nouveaux venus, gagnant, en vingt ans, 25.000 nouveaux arrivants. Forte de plus de 100.000 habitants, l’agglomération agenaise peut se targuer d’un solde migratoire positif d’1,7% en moyenne entre 2011 et 2016.
Arrivée en masse des investisseurs bordelais
La rançon du succès : un marché à flux quasi tendu, encore boosté par l’arrivée massive d’investisseurs bordelais.
« 80% de nos clients investisseurs viennent de Bordeaux ; sur nos dix derniers ventes, neuf ont été conclues par des Bordelais », explique Mohcine El Haouari.
Dans la capitale girondine, le marché s’est largement tassé. Les investisseurs viennent donc chercher à Agen une meilleure rentabilité.
Prenez un T2. Il se louera en moyenne 550 euros à Bordeaux contre 480 euros à Agen, des prix relativement proches. En revanche, acquérir un immeuble de cinq appartements pour 300.000 euros, ce n’est possible qu’à Agen !
Un marché de report, nous confirme un autre agent immobilier bien informé, dans une ville qui offre encore de belles perspectives d’évolution.
Agen, ville attractive, c’est ce que confirmait fin mars un nouveau palmarès, plaçant la capitale lot-et-garonnaise en 14eme position des villes de 10.000 à 100.000 habitants les plus dynamiques de l’hexagone.
? Publication du Palmarès @MYTRAFFIC_TM - @villes2fr des centres-villes dynamiques
— Villes de France (@villes2fr) March 22, 2021
Découvrez le Top30 des #villesmoyennes qui résistent le mieux à la crise !
Retrouvez toutes les informations ➡️ https://t.co/XPctVwgV4b pic.twitter.com/zxinMmg7zo
Un classement établi par Villes de France, indiquant également qu’un Français sur deux souhaite désormais habiter dans une ville moyenne.
Une proportion qui monte à 63% chez les moins de 35 ans, de quoi augurer de belles perspectives pour les grandes oubliées des dernières décennies.