Avec la guerre, l’Ukraine n’est plus en capacité de fournir l’Europe en huile de tournesol. Son prix ne fait que croître. Certains agriculteurs du Lot-et-Garonne ont décidé de tenter leur chance.
Etre moins dépendant. Et si un effet d’aubaine permettait d’atteindre cet objectif.
La hausse du cours du tournesol intéresse les agriculteurs français. «Jusque-là, avec les céréales on avait du mal à joindre les bouts », explique Vincent Rigo.
Et maintenant, on sait pourquoi on se lève le matin. On sait qu’on va planter du tournesol et qu’on va gagner un peu d’argent.
Vincent Rigo - agriculteur en Lot-et-GaronneSource France 3 Aquitaine
"Effet d'aubaine"
Depuis l’invasion russe, l’Ukraine, qui assurait 50 % de la production mondiale, n’arrive plus à exporter. Et de son côté, la Russie, qui est elle aussi un gros fournisseur en huile de tournesol, a introduit un quota pour les ventes à l’étranger après avoir augmenté les taxes à l’exportation. Résultat, le tournesol manque et son cours s’envole.
Vincent Rigo, agriculteur basé à Escassefort, vient donc de faire un bon coup. Il a vendu, il y a peu, sa récolte de tournesol à un bon prix.
On a pu bénéficier de la hausse des cours suite à la guerre. Elle est de l’ordre de 40 à 45%. Donc c’est l’effet d’aubaine.
Vincent Rigo
Il multiplie sa production par trois
Le céréalier prépare actuellement sa prochaine récolte. Il va planter des graines sur 3000 hectares. C’est-à-dire 3 fois plus que l’année dernière.
Une production déjà très attendue par une filière tendue qui peine à se fournir.
« Là on sent qu’on a besoin de nous » se réjouit Vincent Rigo un brin cynique.
« On avait déjà besoin de nous, mais on ne nous le disait pas. Aujourd’hui, on sent vraiment que les gens prennent conscience qu’il faut une agriculture performante en France ».
Une agriculture performante mais surtout un pays moins dépendant de pays étrangers.
Transformer soi-même pour fournir certains professionnels
Dans le Lot-et-Garonne, certains ont même fait le pari de transformer leur production. C’est le cas d’une ferme biologique à Fauillet.
Ici, tout est fait maison. Le tournesol cultivé est ensuite utilisé sous plusieurs formes d’huiles. Les ventes de Jean-Pierre Roumat fournit ont tout simplement triplé ces dernières semaines.
« On avait une clientèle de particuliers qui consommait de l’huile de tournesol », explique-t-il. « Maintenant, on a une clientèle de professionnels qui recherchent des huiles en particulier pour la friture parce que là, ils ont des problèmes d’approvisionnement et là on peut proposer du tournesol oléique qui supporte les hautes températures ».
En Ukraine, le ministre de l’agriculture a d’ores et déjà annoncé que l’invasion russe risquait de diviser par deux la prochaine récolte de céréales. En France, celle-ci devrait avoir lieu en septembre prochain. D’ici là, le prix du tournesol aura vraisemblablement continué de grimper.