Placée en procédure de sauvegarde mi-juin, cette coopérative viticole de Lot-et-Garonne organise sa traditionnelle Millésimades. Une semaine promotionnelle de vente de vins à prix cassés. Sauf que cette année, les recettes sont une question de survie pour cette entreprise pionnière au plan environnemental.
Un carton acheté, un carton offert, l'offre a de quoi séduire. "Le vin de Buzet est un très bon vin, et il se conserve très bien", commente un des clients qui fait le plein de son chariot.
Prix cassés
8,80 euros le litre de Buzet, une excellente affaire pour les consommateurs qui fourmillent dans le magasin. "Le marché des vins est fortement à la baisse, donc cela nous permet de retrouver des clients et des ventes, et de mettre en avant nos produits", explique Hervé Muel, directeur du magasin.
Cette grande braderie de vins est une opération cruciale cette année, l'opération de la dernière chance pour la coopérative des vignerons de Buzet qui connaît des gros problèmes de trésorerie.
"Cela va être une très grosse entrée de trésorerie, d’autant plus que nous sommes sur des chiffres exceptionnels par rapport à l'année dernière. Le premier jour, nous avons enregistré plus 30 % de ventes, donc on estime que l'on dépasserait le million d'euros", espère François-Philippe De Royer-Duprés, président du directoire des Vignerons de Buzet.
36 millions de dettes
Brader pour survivre. Le 12 juin dernier, le tribunal de commerce d'Agen a placé la coopérative Les vignerons de Buzet en procédure de sauvegarde. Cela concerne les six sociétés de cette coopérative du Lot-et-Garonne, qui compte 135 adhérents. Cette procédure, mise en place pour six mois, a été demandée par la coopérative elle-même, qui rencontre des difficultés de trésorerie dans un contexte de marché difficile pour toute la filière viticole.
Les dirigeants de la coopérative passeront devant le tribunal de commerce d'Agen le 9 juillet qui statuera sur la poursuite de l'activité de la société. Un coup dur pour ces viticulteurs, un peu injuste aussi, car ils ont déployé de gros efforts, notamment d'investissement pour s'engager dès les années 2000 dans une viticulture plus vertueuse au plan environnemental.
Manque à gagner
La coopérative élabore des vins en AOC Buzet depuis 1953. Et dès 2005, les vignerons de la société se sont lancés dans la transition agro-écologique pour développer une viticulture durable.
Julien Raffaello fait partie des adhérents de cette coopérative qui est à un tournant de son histoire, face à une consommation en baisse et aux aléas climatiques. Ce jeune vigneron a été obligé de se diversifier en cultivant la tomate, de la fraise et même du tabac. Sur son exploitation, la vigne ne représente que 20 % de ses cultures. "On a de grosses attaques de mildiou et malheureusement les feuilles ont été attaquées, les grappes aussi, donc maintenant notre travail, c'est contenir la maladie", explique-t-il. Difficile de trouver l'équilibre financier dans ce contexte. "Actuellement, je ne gagne pas du tout d'argent avec la vigne. Heureusement que je suis en polyculture", déplore l'agriculteur pour qui la vigne n'est plus rentable.
Les viticulteurs de l'appellation envisagent déjà l'arrachage de certains cépages comme le merlot. Quel avenir pour les vins de Buzet ? Les vignerons sont désormais suspendus à la décision du tribunal de commerce d'Agen.