On l’avait presque oublié. Lui est bien là, voire en avance. L’hiver doux et les premières chaleurs ont favorisé son arrivée. Le voici, le moustique tigre, encore sous l’état d’oeuf ou de la larve, prêt à éclore. Et si le confinement était le bon moment pour le chasser ?
Le problème commence chez nous, sur notre balcon, notre terrasse ou dans notre jardin. Niché au creux d’une soucoupe, d’une bâche ou d’un cendrier laissé dehors. Quelques gouttes d’eau seulement suffisent à la femelle pour pondre des centaines d’oeufs et ce, tous les quatre jours.
Une fois adulte, le moustique vivra un mois sans quitter votre jardin ( son rayon s’action ne dépasse pas une centaine de mètres, voire quelques dizaines de mètres seulement ).
Agir dès maintenant sur les gites larvaires vous épargnera donc quelques semaines de démangeaisons.
Ça tombe bien, en ce moment, on dispose d’un peu de temps libre !
Le confinement, c’est la bonne occasion pour traquer les oeufs. La lutte contre le moustique tigre dépend de la mobilisation de tous. Chacun doit agir, pour soi, mais aussi pour ses voisins.
Stéphane Robert, président de Vigilance Moustique
Comment ? En faisant preuve d’imagination : traquer tous les réservoirs d’eau stagnante, les descentes de gouttières, les arrosoirs ou les coupelles de pots de fleurs.
À portée de mains, toute la génération de moustiques tigres 2020. Car une fois adulte, le moustique se révèle bien difficile à combattre. "Une fois qu’il est en vol, on ne peut plus rien faire. Il faut donc s’attaquer aux larves et la seule façon de limiter sa propagation, c’est de lui couper l’eau afin qu’il ne puisse plus se reproduire" insiste Jean Bellouhey, chargé de communication à la Mairie de Villeneuve-sur-LotAttention, cinq jours suffisent à transformer les oeufs en larve, veillez donc à ce que l’eau ne stagne pas plus d’une semaine dans votre jardin.
Charles Tizon, directeur d’Altopictus - entreprise spécialisée dans la lutte contre le moustique tigre -
Dans le Lot-et-Garonne, on s’active. Huit ans déjà que le moustique tigre a fait son apparition dans le département, le premier à avoir été colonisé en Aquitaine. C’était en 2012, signalé pour la première fois à Marmande, il envahira peu de temps après la Gironde en 2013.
Les services de la Mairie de Villeneuve-sur-Lot s’attaquent en ce moment même au réseau d’assainissement. Ses siphons se révèlent des nids très douillets pour les oeufs de moustiques tigres. Les techniciens s’emploient donc à y appliquer un traitement biologique.Mais les collectivités le savent, elles ne peuvent agir que sur 20% de la population de moustiques tigres. C’est bien la vigilance et l’action citoyenne qui feront la différence, car 80% des gites larvaires se situent sur le domaine privé.
Moins de risques d’importation de virus
Grâce au confinement, en cette année 2020, la propagation du moustique pourrait donc être freinée.L’arrêt momentané du trafic aérien est aussi une bonne nouvelle pour la France, première destination touristique au monde et dont les territoires ultra-marins subissent des épidémies de dengue, chikungunya et zika.
Actuellement, 57 départements français subissent les assauts du moustique tigre. Une propagation exponentielle car s’il vole très mal, il voyage en revanche parfaitement dans les habitacles de voitures ou de camions, parcourant ainsi de très longues distances.Moins de déplacements, c’est moins de cas humains et donc moins de risques d’importation de virus, ce qui devrait limiter la transmission de la dengue ou du chikungunya.
Charles Tizon, directeur d’Altopictus
En 2014, l’entente interdépartementale de démoustication (EID) Atlantique avait prédit la colonisation de l’ensemble du territoire français d’ici 2030 par le moustique tigre. Avec six nouveaux départements conquis chaque année, l’insecte est en train de remporter son pari… à vitesse grand V.Une fois qu’un moustique tigre est implanté et actif, il est impossible de s’en débarrasser. Tous les départements en vigilance orange passent immanquablement en rouge. C’est l’une des espèces les plus invasives au monde.
Stéphane Robert, président de Vigilance-Moustiques
Mais au fait, pourquoi ne pas démoustiquer ?
Solution radicale s’il en est, la démoustication n’est pas la solution.
Le combat de l’homme contre les moustiques remonte aux années 60. A l’époque, les opérations de démoustication vont de pair avec le développement de grandes stations balnéaires, notamment dans le Languedoc-Roussillon qui présente de nombreuses zones infestées.
Dans l’imaginaire collectif, les pulvérisations massives opérées par les collectivités apparaissent comme une solution magique.
Il n’en est rien. Outre son coût prohibitif et son impact fort sur l’écosystème, ce type de traitement renforce les défenses des moustiques et augmente leur résistance.
En conséquence, elle reste réservée à la lutte épidémiologique, comme recours s'il y a de suspicion de cas de dengue, chikungunya ou zika.
Le moustique peut-il transmettre le coronavirus ?
NON, au même titre que le moustique ne peut transmettre la grippe ou le sida, il ne peut pas être vecteur du coronavirus. L’insecte n’est pas une seringue. S’il nous prélève du sang, il ne peut pas le réinjecter. Pour être transmissible par le moustique, le virus devrait trouver un moyen de sortir de l’estomac du moustique. Seuls de très rares agents pathogènes tels que le paludisme ont réussi cet exploit pour devenir, malheureusement transmissibles par piqûre de moustique.