Garorock : le dispositif était-il adapté à la canicule ?

Garorock n'avait pas fermé ses portes que sur les réseaux sociaux, des voix s'élevaient pour dénoncer un dispositif inadapté aux chaleurs caniculaires. Le staff avait pourtant annoncé des mesures spécifiques. Plus de 2 800 interventions des secours ont été enregistrées.



"Super déçue cette année, ils ont annoncé des moyens mis en place pour s'adapter à la canicule, grosse intox"... Voilà le genre de commentaire qui se propage depuis plusieurs jours sur Facebook. Un autre festivalier d'ajouter : "Si pas de changement beaucoup ne reviendront pas l'année prochaine". Le message est clair. Le bilan semble en demi-teinte.


"J'ai jamais vu autant de monde sur des civières"

Dans le Lot-et-Garonne, les températures ont été caniculaires, particulièrement jeudi et samedi. "Les personnes attendront sous les platanes, sous des zones de fraîcheur", avait promis Ludovic Larbodie sur notre antenne. Mais beaucoup de festivaliers font état de files d'attente interminables, en plein soleil. "Les deux points de contrôle en plein soleil avec une attente d'au moins 40 min sous 40 degrés pour le samedi!!!" relate un festivalier. Une jeune fille évoque elle aussi la même scène ou presque : "j'ai fait partie de ceux/celles arrivés jeudi, mais déjà à 13 heures, tous les espaces ombragés étaient pris d'assaut, des gens ont campé la veille du festival, devant pour avoir de "bonnes places", je sais aussi que mes voisines ont attendu 4 heures, d'après elles, pour entrer dans le festival, 4 heures sous le soleil avec des sac à dos et sacs à bout de bras, les un.e.s sur les autres...".
Nous avons contacté les organisateurs de Garorock, nous sommes toujours, à cette heure, dans l'attente d'une réponse de leur part.
 
 

Plus de 2800 personnes prises en charge par les  secours

Au total, sur quatre jours de festival, 2807 prises en charges ont été réalisées par les secours, que ce soit la Croix Rouge, le Samu ou les pompiers. Des chiffres qui comptabilisent les interventions à l'intérieur du site (camping plus la partie concert). Ne sont donc pas recensés les secours à la personne réalisés dans la file d'attente et aux abords du site. Sur ces près de 3000 prises en charge, 43 ont nécessité une évacuation au Centre hospitalier de Marmande.

Ces chiffres sont bien supérieurs à ceux enregistrés l'année dernière. Soit, une journée de concert avait été annulée du fait des risques d'orage. Mais même en prenant en compte cette donnée, les chiffres ont clairement augmenté : 1469 prises en charge et 30 personnes évacuées à l'hôpital en 2018. 

Mais du côté des pompier,s si on constate une augmentation des prises en charge cette année, en revanche le chef de salle note "un effort réel dans les moyens engagés pour la sécurité et l'organisation".
 


"Les personnes tombaient comme des mouches, j'ai préféré rentrer chez moi au bout de deux jours"

Lucie, 23 ans vient à Garorock depuis 2014, " J'avais jamais vu ça en 5 ans de Garorock, 2 points d'eau (2x5 robinets) dans l'espace concert pour 200 000 personnes" nous dit-elle. Le bilan annoncé par l'organisation fait état de 160 000 personnes.

"Il y avait des canons à eau, il y avait plus de points d'eau que les années précédentes, mais c'était largement insuffisant à mon avis" dit la jeune fille. "C'est bien de déployer un énorme dispositif de sécurité, la croix rouge et la sécurité étaient partout, c'est bien, mais il faut prendre le problème à la racine en prévoyant de l'ombre et de l'eau". "Des bouteilles d'eau étaient distribuées, mais uniquement dans la file d'attente en dehors du site, après plus rien, il fallait faire avec les quelques robinets sur place".

Sur les réseaux sociaux, même tonalité : "Le nombre de points d'eau était ridicule !! En temps de canicule, vous avez quand même une responsabilité... ," rage une festivalière. "Pas assez de points d'eau" donc. Mathias, contacté par téléphone, est plus nuancé. "Franchement au niveau du camping, ça allait, en revanche dans la zone concert il n'y avait que trois points d'eau, pris d'assaut, à un moment j'étais au bord du malaise". Le jeune homme de 20 ans a apprécié le fait que des bouteilles soient gratuitement distribuées dans la file d'attente le jeudi, en revanche "à l'intérieur du site, les petites bouteilles d'eau de 50 cl étaient vendues à 3 euros, je n'en ai pas acheté cela m'aurait coûté trop cher. Alors, je me suis débrouillé pour aller chercher de l'eau quand il n'y avait pas trop de queue".
Jeudi dernier Francis Bianchi, sous-préfet de Marmande, annonçait à l'une de nos équipes que "par rapport aux points d'eau, c''est à dire aux possibilités d'offrir des douches, des lavabos aux festivaliers, nous avons augmenté notre capacité de 30% par rapport à ce que nous faisions d'habitude". A posteriori, il constate : " Ce phénomène n'était pas spécifiquement prévu de la part de l'organisation de Garorock. "

On a fait ce qu'on a pu avec les moyens que l'on avait.

La canicule a pris tout le monde de court confie le sous-préfet pour qui ce rassemblement de 162 000 personnes est un événément fort en terme de sécurité. 
Heureusement, la mairie vient de réaliser des travaux d'adducciton d'eau au camping, ce qui a permis d'augmenter de 30% le nombre de points d'eau sur les 80 hectares du site. 
Le sous-préfet a demandé à l'organisateur en lien avec les services techniques de la ville de Marmande de prendre des mesures pour faire face à cet imprévu : " Ils n'ont pas pu faire de miracle. Ils se sont procurés des canons à eau pour créer sur la zone de camping des zones de refroidissement. "
Il ajoute : " On a modifié les flux d'entrées pour que les attentes se passent à l'ombre, dans la limmite du possible. L'organisateur a mis à disposition des bouteilles d'eau gratuitement." insiste-il. 

Zur la zone concert, on a procédé à l'arrosage avant l'ouverture des concerts, mais il n'y avait pas de zones de fraîcheur pour des raisons de sécurité car beaucoup d'électricité sur le site, donc danger. 
L'équipe de secouristes de la Croix Rouge a été renforcée. 

Je ne dis pas que les jeunes n'ont pas eu chaud, tout le monde a eu chaud. On n'a jamais dit que les jeunes n'auraient pas chaud, mais on a mis en place des mesures pour limiter les effets de la canicule.

Au final, le sous-préfet fait les comptes et approte sa version des chiffres  : " On a eu le même nombre de prises en charge en pourcentage que l'an passé :  1,7 % de festivaliers pris en charge cette année, au lieu d'1,5% l'an dernier. "
 


Garorock, un festival devenu "trop commercial" ?

"Pour résumer au-delà d'avoir payé 170 euros pour des coups de soleil, de la crasse et la soif je pense vraiment que le festival qui désormais appartient à Vivendi, se fait de l'argent sur le dos des jeunes" accuse la jeune Lucie. "Les points d'eau étaient difficiles à trouver, que ce soit dans l'espace camping ou concert, mais Coca Cola, Canal +, Ricard, eux pas besoin de chercher bien longtemps...". Sur Facebook, Prune partage cet avis : "ça fait plus de 10 ans que je les fais et c'est devenu une vraie machine à fric, sans respect des règles d'hygiène", car visiblement le nombre de toilettes mis à disposition et leur propreté n'ont pas fait l'unanimité.



Voyez le reportage que nous avions réalisé samedi à Garorock :
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