Villeneuve-sur-Lot : l'école des ânes pour aider les maraîchers

Plus maniables et plus économiques que les tracteurs, les ânes sont de précieux alliés pour les maraîchers, et les Haras nationaux tentent de les promouvoir à travers une école spécialisée à Villeneuve-sur-Lot dans le Lot-et-Garonne. Elle avait son stand au Salon de l'agriculture cette semaine.

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"L'âne est docile et rustique, il a de petits sabots et donc n'abîme pas les rangs des plantations comme un cheval. Il peut tourner facilement et passer sous les serres", explique Pascal Sachot.


Pascal Sachot est le directeur du haras national de Villeneuve-sur-Lot (Lot-et-Garonne). Il est aussi depuis 2011 responsable de l'école des ânes maraîchers créée sur le haras, à la demande du ministère de l'Agriculture, qui veut promouvoir l'utilisation des équidés comme outils de travail.

"L'idée est de valoriser l'élevage, de faire vraiment de l'âne un outil de travail et non plus une tondeuse à gazon ou un animal de compagnie", résume-t-il sur son stand du salon de l'Agriculture.

Mais il faut pour cela réapprendre un savoir-faire disparu. L'école de Villeneuve-sur-Lot commence par sélectionner de jeunes ânes, sur leur morphologie et leur mental. Même si toutes les races sont a priori aptes au maraîchage, il faut que l'animal "fasse au moins 1,20 m au garot pour pouvoir tirer les charges", et qu'il ait bon caractère, détaille M. Sachot.

Dans un second temps, l'école forme les maraîchers à s'occuper de leur âne, à le harnacher. Au final, l'âne apprend à marcher tout seul dans les rangs en tirant la charrue, guidé par le maraîcher.

Des outils plus modernes 

Les Haras nationaux espèrent ainsi contribuer au renouveau de la filière asine en France. Selon une étude de l'Institut national de l'âne et du mulet (INAM), le nombre d'éleveurs d'ânes a été pratiquement divisé par trois entre 2009 et 2014, passant de 1.200 à un peu plus de 400.
En revanche, le nombre d'éleveurs produisant des ânes pour la traction animale a fortement augmenté, passant de zéro à plus d'une quarantaine. Mais l'animal reste pour l'instant principalement utilisé pour la randonnée et la production de lait d'ânesse.

Pour les maraîchers, l'âne a beaucoup d'avantages.
"L'âne coûte moins cher qu'un tracteur et il abîme moins les sols. On peut aussi utiliser son fumier comme compost, surtout en agriculture biologique", explique Cédric Pielko, maraîcher dans l'Aveyron.
Ses deux ânes l'aident aussi à débarder du bois, à entretenir les prairies, et à arrondir ses fins de mois en organisant des balades pour des colonies de vacances. Il faut débourser 5 à 6.000 euros pour un âne, en comptant le harnais et les outils, contre 10 à 15.000 pour un tracteur, carburant en sus.
La question des outils n'est d'ailleurs pas oubliée par l'école des ânes maraîchers. "Les outils de nos grands-parents étaient lourds et désuets. Nous travaillons avec des constructeurs pour mettre au point de nouvelles gammes, des outils légers, réglables et ergonomiques", souligne Pascal Sachot.
Le formateur reste réaliste : même si l'âne permet le même rendement qu'un tracteur, avec plus de précision sur l'entretien des légumes, "il n'est utilisable que sur de petites surfaces. On ne prône pas un remplacement total du tracteur".

Une petite centaine d'ânes sont actuellement utilisés pour le maraîchage, surtout dans le Sud-Ouest. "Cela fait vivre toute une filière : éleveur, sellier, maréchal", rappelle M. Sachot.

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