Ils sont employés de la grande distribution, commerçants, ou encore aides à domicile… Bien que très éloignés du secteur médical, de nombreux Français continuent de travailler tous les jours au contact du public. Non sans inquiétude.
Mikael reconnaît "ne penser qu'à ça". Boucher dans la grande distribution à Trelissac en Dordogne, il est au contact des clients, avec pour charge de remplir les rayons de libre-service de son enseigne.
Depuis le 13 mars, les Français, en panique se sont rués dans les supermarchés. Alors forcément, l'exposition potentielle au coronavirus est une source de stress.
"Le vendredi qui a suivi les annonces d'Emmanuel Macron, on a eu une énorme affluence. On a du doubler voire tripler nos quantités de viande à préparer. Il y avait des clients partout. Forcément, on n'était pas serein".
"Par rapport au début ça va mieux"
Même si elle n'est pas en mesure de lui fournir des masques, la direction a distribué des gants à ses employés. Et a du prendre des mesures face à l'affluence : afin de respecter les consignes de sécurité, un nombre limité de clients est autorisé dans le magasin."Les caissières sont protégées par des plaques en plastique. Le magasin a mis en place un marquage au sol afin que les clients respectent les distances. Par rapport au début, ça va mieux", assure-t-il.
"Il n'y a plus d'échange"
A Anglet au Pays basque, Véronique, elle, se charge de livrer des repas aux particuliers. Employée par la société Eole, elle et ses collègues livrent près de 80 clients chaque jour, dans des maisons et appartements."Nous avons des masques, du gel et des gants, mais ça n'enlève pas toute l'angoisse", reconnaît-elle.
D'autant plus que depuis que l'épidémie a pris de l'ampleur, les contacts avec les clients et la sexagénaire se sont réduits.
"Certains mettent maintenant un tabouret devant leur porte. On ne les voit plus, il n'y a pas d'échange, déplore-t-elle. Avec les collègues, on peut le comprendre, mais c'est vrai que c'est un peu démoralisant."
"Les infirmières ne sont pas les seules à aller au charbon"
Véronique regrette également que par ces temps de crise, les contraintes de sa profession, comme de nombreuses autres, passent inaperçues. Elle évoque un manque de reconnaissance."Nous sommes les travailleurs de l'ombre. Les infirmières ne sont pas les seules à aller au charbon. Il faudrait aussi penser à saluer les caissières, les commerçants etc…"
Au tabac, les consignes sont affichées
Buraliste à Bordeaux, Patrick a mis en place une affiche devant son tabac demandant à ses clients de respecter la distance de sécurité, ainsi qu'une paroi en plastique devant son comptoir. "Je sais qu'il y a eu des incivilités dans certains commerces. Mais chez moi, peut-être parce que les gens savent que j'ai une forte personnalité, ça se passe très bien jusqu'à présent. Les gens patientent et respectent les distances".
Les gants, c'est surtout pour rassurer les clients
Patrick, buraliste à Bordeaux
Quand on aborde les risques de contamination au coronavirus, le commerçant se fait philosophe. "Je mets des gants, mais c'est surtout pour rassurer les clients. J'ai travaillé pendant 18 ans dans le nucléaire. On travaillait avec l'invisible. Vous savez, si on ne se confine pas complétement, personne n'est à l'abri".
Inquiétudes pour l'économie
La véritable inquiétude du buraliste concerne l'avenir économique des petits commerces. "Nous avons été désignés commerce d'utilité publique. Mais depuis, c'est un peu 'démerdez-vous' .Avec ses cinq employés, Patrick n'a pas encore opté pour le chômage partiel. Pour l'instant, l'activité n'a pas trop faibli, mais c'est en dents de scie, au jour le jour. Certains de mes employés sont angoissés".
Jeudi le gouvernement a annoncé une aide de 1 500 euros pour les petites entreprises ayant du fermer ou à celles ayant connu une très importante chute du chiffre d'affaires au mois de mars.
Pas de quoi rassurer Patrick qui se fait porte-parole des artisans, TPE et PME. "Cette crise va couler l'économie, certains petits commerces ne réussiront pas à s'en relever", prédit-il.