Au large de la Côte Aquitaine se déploie un immense canyon sous-marin, le Gouf de Capreton. Un ensemble géologique exceptionnel, mais peu connu du grand public. Pour le faire découvrir, l'Ifremer lance un concours de toponymie cet été. Objectif : baptiser huit reliefs.
Avez-vous déjà pu choisir le nom d'un sommet, un col de montagne, une arrête ? C'est en substance ce que propose cet été l'Ifremer (Institut français de recherche pour l'exploitation de la mer), en organisant un concours de toponymie pour nommer huit reliefs du Gouf de Capbreton.
Cet immense canyon sous-marin, peu connu du grand public, même dans la région, prend naissance à 300 mètres au large de Capbreton, dans les Landes. Il se prolonge sur 300 kilomètres, pour atteindre une profondeur de près de 5.000 mètres dans le Golfe de Gascogne.
Pour le faire découvrir au public, l'Ifremer lance donc un concours, jusqu'au 22 août, et propose aux internautes de nommer huit reliefs du Gouf, décrits pour l'instant par les termes suivants :
- Le zigzag énigmatique
- Le méandre perché
- La paléovallée sans commencement
- La fin programmée d’un méandre
- Une arête dans le thalweg
- Un escalator naturel
- Des ravines qui bougent
- Le mystère d’une vague, la Nord
"Tant qu’une chose n’est pas nommée, elle n’existe pas"
Pour Jean-François Bourillet, directeur adjoint du département "Ressources physiques et écosystèmes au fond de mer", à l'Ifremer, l'objectif de ce concours de sciences participatives est d'abord de faire découvrir le Gouf de Capbreton et ses spécificités.
"On ne protège que ce que l'on connaît", souligne-t-il, et, à nos yeux, "tant qu’une chose n’est pas nommée, elle n’existe pas."
Concrètement, les internautes sont invités à proposer des noms pour chacun des huit reliefs choisis en amont par l'Ifremer.
Et pas question de renommer des zones déjà baptisées par les pêcheurs ou plongeurs locaux : les huit reliefs choisis par les scientifiques sont pour l'instant dépourvus de toute appellation.
Harry Potter ou mythologie ?
Concernant les propositions des internautes, aucune limite n'est fixée, les internautes sont appelés à donner libre cours à leurs idées.
"Tout le champ de l'imaginaire est possible" confirme Jean-François Bourillet. Mythologie, poésie, personnes célèbres ... à condition d'expliquer sa proposition en quelques lignes.
Et visiblement, certains ont les mêmes références : sur les premières propositions reçues par l'Ifremer, pour la zone 1, dite du "Zigzag enigmatique", plusieurs font un lien avec à la cicatrice d'Harry Potter !
Une fois le concours terminé, un jury de sept personnes venant d'horizons variés se réunira pour choisir les meilleurs noms, qui seront dévoilés lors de la 4e journée du Gouf, le 12 septembre prochain.
Ces derniers seront ensuite soumis au SHOM, le service hydrographique et océanographique de la Marine, qui pourra les inclure à ses cartes.
"Nous aimerions aussi proposer une carte touristique, non-officielle, sur laquelle figurent ces nouveaux noms ainsi que tous les noms d'usage du Gouf de Capbreton", ajoute Jean-François Bourillet.
"Tout ce qui permet de faire connaitre le Gouf est positif"
Depuis six ans, Lilian Haristoy, photographe et plongeur basque, explore la vie sous-marine du Gouf de Capbreton, pour en révéler la richesse.
Il publiera la somme de son travail en novembre prochain, dans un livre intitulé "Baie de Biscaye - Les trésors du Gouf de Capbreton", actuellement en précommande.
Pour le spécialiste du canyon, il est essentiel de mieux connaitre le Gouf et la faune marine qui le fréquente.
S'il déplore le manque d'études scientifiques menées sur les populations de cétacés ou de poissons de la zone, Lilian Haristoy estime que ce concours de toponymie est une bonne idée. "Tout ce qui permet de faire connaitre le Gouf est positif. Il faut que les gens le découvrent et se l'approprient", souligne-t-il.
Lui-même s'est prêté au jeu, en proposant plusieurs nom pour la zone 1, le zigzag énigmatique. "C'est un endroit où les eaux sont très riches en nourriture, car on peut toujours y faire des observations. C'est là-bas, par exemple, que j'ai pu rencontrer des orques !".
→ Pour aller plus loin : Thalassa, les mystères du Gouf de Capbreton (2018)