Plus de 10.000 personnes ont assisté samedi soir au stade vélodrome de Saint-Sébastien (Pays basque, nord) à l'hommage au dirigeant séparatiste basque Arnaldo Otegi, attendu comme l'homme providentiel par la gauche indépendantiste depuis sa sortie de prison.
"Nous luttons pour la liberté de ce pays et nous ne cesseront jamais de le faire", a dit Otegi à une foule de partisans en liesse.
Les militants ont patienté pendant des heures, par moments sous une pluie battante pour assister au meeting ponctué de danses et champs basques en présence de l'ancien dirigeant de Batasuna, interdit en 2003 pour ses liens avec l'organisation armée ETA.
Des banderoles avaient aussi été déployées en faveur de la libération des quelque 400 membres de l'ETA purgeant encore des peines de prison en France et en Espagne.
Toutes les personnes interrogées mettaient beaucoup d'espoir en Otegi, 57 ans, et ayant passé six ans et demi en prison pour avoir tenté de re-créer Batasuna, auréolé d'une image de pacificateur après avoir été l'un des premiers à souhaiter l'arrêt de la violence.
Dans un entretien à la télévision basque diffusé vendredi, il a insisté sur ce point. "Nous aurions dû savoir interpréter bien avant le besoin que les gens avaient de surmonter cette étape de confrontation armée", a-t-il dit avant d'évoquer sa
propre "conscience", lui disant qu'il aurait fallu mettre fin plus tôt à cette "étape", au cours de laquelle 829 morts sont attribués à l'ETA au nom de sa lutte pour l'indépendance.
Il a également confirmé son souhait de lutter pour un modèle d'Etat respectant les droits "nationaux et sociaux" des basques, alors que beaucoup espèrent qu'il pourra faire annuler une peine lui interdisant d'exercer des mandats publics et qu'il briguera la présidence de la région lors d'élections à l'automne.
A l'entrée du stade, Iñaki Elduail, 62 ans, de Tolosa, au Pays basque s'est dit "admiratif de l'énergie que dégage" Arnaldo Otegi. "Je ne sais pas ce que c'est de passer six ans et demi derrière les barreaux mais il me semble très fort et plein d'illusions. Il se dit plus indépendantiste et encore plus de gauche qu'avant, voilà quelqu'un de sincère et constant!".
Podemos "doit devenir un allié naturel de la gauche indépendantiste s'il reste sincère sur le principe du droit à l'autodetermination", dit-il en souhaitant une alliance entre Podemos et les indépendantistes.
L'exemple catalan
Les indépendantistes basques ont perdu beaucoup de terrain au profit du parti de gauche radicale fondé en 2014 et qui est favorable à l'organisation d'un référendum d'autodétermination pour répondre à l'élan sécessionniste en Catalogne (nord-est), région dirigée par des indépendantistes. Lors des élections législatives de décembre, Podemos est arrivé premier en Catalogne.Au Pays basque aussi, avec 316.000 suffrages, devant les nationalistes du PNV (conservateurs) et la coalition EH Bildu, rassemblant la gauche abertzale (indépendantiste), qui a obtenu 183.000 voix. C'est presque moitié moins qu'en 2011: à l'époque, la gauche indépendantiste était deuxième, avec 285.000 voix, semblant profiter de l'annonce de l'abandon de la violence par l'ETA.
"Aujourd'hui, ce qui est important, c'est qu'il réussisse à unir tous les nationalistes basques de gauche", estime de son côté Carlota Oliver, 23 ans, venue de Barcelone, tandis que Javier Rodriguez, 44 ans, de Bilbao, compte sur Otegi pour "nettoyer la maison", souhaitant "plus de démocratie à l'intérieur".
Dans les gradins du stade, des drapeaux basques et catalans ont été installés. Le mouvement indépendantiste catalan, qui se propose d'amener la région vers la sécession en 2017, semble être devenu pour Sortu, la formation dont Otegi est le secrétaire général, l'exemple à suivre.
"La meilleure aide que le peuple basque puisse apporter aux Catalans est d'ouvrir un deuxième front ici", a-t-il prévenu.