Depuis le confinement et la fermeture de la frontière entre la France et l’Espagne mi-mars, plus aucun pèlerin ne visite Saint-Jean-Pied-de-Port sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle. Un coup dur pour cette petite commune de Basse-Navarre dont l’économie est basée sur le tourisme
Vides ! Désespérément vides ! Il n’y a plus aucun pèlerin sur les pavés de la rue de la citadelle ou encore de la rue d’Espagne. Plus personne pour arpenter les ruelles du centre historique et admirer les splendides maisons (etxe en basque) et leurs linteaux sculptés.
Ce village connu pour son patrimoine architectural et fondé au XII° siècle attire depuis toujours des centaines de pèlerins en route vers Saint Jacques de Compostelle, les deux sites étant séparés par quelques 800 km ! La vocation jacquaire du village ne s’est jamais démentie et depuis le Moyen-Âge, les pavés de la vieille ville ont vu passer des pèlerins venus du monde entier. L’an dernier, 61000 pélerins sont passés par Saint-Jean-Pied-de Port.
Changer les règles d'accueil
La commune offre 400 lits pour héberger les pèlerins. Les propriétaires de gîtes sont pessimistes et tablent sur une saison morte. Pour Eric Viotte, propriétaire d’un gîte depuis 10 ans, la situation est difficile : « On vit au jour le jour. Il n’y a aucune rentrée d’argent. Heureusement le gouvernement nous donne de petites aides ce qui nous permet de survivre. Mais jusqu’à quand ? ».
En attendant des informations précises sur la réouverture de la frontière et sur celle des hôtels et des gîtes côté français, Eric Viotte sait qu’il devra changer les règles d’accueil et appliquer la distanciation sociale dans son établissement. Il a la chance d’avoir un grand gîte. La distance d’un mètre 50 entre les lits pourra être respectée dans les dortoirs mais il ne sait pas encore comment faire dans les sanitaires.On entend dire que le chemin sera fermé côté espagnol jusqu’en 2021.
La reprise de ce pèlerinage médiéval remis au goût du jour à la fin du 20e siècle dépend à la fois des décisions prises par les autorités françaises mais aussi espagnoles.
En temps normal, l'office des pèlerins accueille les visiteurs toute l'année. Des bénévoles y fournissent des informations sur l'ensemble du parcours du chemin de Compostelle, ainsi qu'une liste des hébergements municipaux sur tout le chemin en Espagne. On vient y chercher la carte de l'étape St Jean Pied de Port - Roncevaux, avec tracé et courbes de dénivelés. Jean Louis Aspirot est l’un des bénévoles. Il fait partie de l’association des amis de Saint Jacques de Compostelle. Il est assez pessimiste quant au retour des pélerins cette année :
C’est le désert total depuis le début du confinement. Ce sont les espagnols qui vont donner le feu vert pour la réouverture des chemins.
La reprise du transport aérien international est aussi au centre des enjeux car selon Jean Louis Aspirot "sur les 61.000 pèlerins passés l’an dernier dans notre office, 50.000 venaient de l’étranger."
Laurent Inchauspé, le nouveau maire, élu au premier tour des municipales, table lui aussi sur une année blanche. Hôtelier de profession, il attend avec impatience la décision qui sera prise fin mai par le gouvernement pour la date de réouverture des hôtels et restaurants.Le village, qui s’est vu attribuer en 2016, le label « Plus Beaux Villages de France » attire en temps normal beaucoup de touristes hors pèlerinage. La commune compte aussi sur ce tourisme local pour soutenir l’économie.
Les Chemins de Compostelle
Les chemins de Compostelle, qui correspondent à plusieurs itinéraires en Espagne et en France, ont été déclarés en 1987 « Premier itinéraire culturel » par le Conseil de l'Europe. Depuis 2013, les chemins de Compostelle attirent plus de 200 000 pèlerins chaque année, avec un taux de croissance de plus de 10 % par an.
La commune de Saint-Jean-Pied-de-Port se trouve sur trois chemins du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle, confondus depuis Ostabat et se poursuivant vers Roncevaux et, de là, à Saint-Jacques-de-Compostelle.
Saint-Jean-Pied-de-Port est également située sur la voie de la Nive, une variante du chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle suivie par les pèlerins qui, de Bayonne, recherchaient à regagner le Camino navarro avant sa traversée des Pyrénées, à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Saint Jean Pied de Port, située à 20 kms d'Ostabat où convergent trois voies jacobites, est une ville halte pour les pèlerins du 21° siècle arpentant le Camino, et venant des quatre coins du monde pour converger vers Saint Jacques de Compostelle. C'est aussi le point de départ de nombreux pèlerins qui souhaitent parcourir l'étape prestigieuse de la traversée des Ports de Cize vers l'abbaye de Roncevaux.
Le Camino francés (en latin : Iter francorum, galicien : Camiño francés ou « chemin des Francs » en français) est aujourd'hui l'itinéraire le plus fréquenté en Espagne pour le pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Il était également appelé « Ruta Interior », par opposition à la « Ruta de la Costa » ou Camino del Norte, itinéraire du nord par les villes de la côte atlantique.
Au sens strict, le Camino francés commence juste en amont de Puente la Reina, à la jonction entre le Camino aragonés et le Camino navarro. Il inclut le Camino navarro et commence donc au pied du franchissement des Pyrénées, c'est-à-dire initialement à Saint-Michel et aujourd'hui à Saint-Jean-Pied-de-Port.
Les pèlerins doivent faire tamponner à Saint-Jean-Pied-de-Port le crédential ou passeport du pèlerin.
Ce document permet de bénéficier de l'hébergement dans les auberges municipales.
Ce passeport est obligatoire en Espagne. Il doit être tamponné à chaque étape du périple. Sur les 100 derniers kilomètres, deux tampons sont nécessaires pour chaque étape.