Parce que le confinement et la peur de la maladie peuvent engendrer un stress et une angoisse aigus, les psychologues et psychiatres se mobilisent face au Covid-19 dans nos trois départements. Et pour éviter l’engorgement des hôpitaux, les téléconsultations se multiplient.
« Les appels au Centre ont plus que doublé en quelques jours, notamment de la part de soignants »
Le Centre Ecoute et Soutien en Limousin intervient habituellement auprès de personnes rencontrant des difficultés psychologiques diverses. La structure associative recevait habituellement 20 appels en moyenne par jour. Depuis que le confinement général a été instauré, ce sont 50 coups de fil quotidiens auxquels répondent des « écouteurs professionnels ».
Eric Gras, chargé de mission pour l’association, confie que « depuis quelques jours, beaucoup de soignants nous appellent, notamment certains qui travaillent dans des EHPAD. Ils sont fatigués, craignent d’être eux-mêmes potentiellement vecteurs de la maladie et vivent mal d’être perçus par les résidents comme les porteurs de mauvaises nouvelles, qui interdisent les visites et les activités par exemple. »
Mais au-delà des soignants, l’association offre une oreille attentive à tous ceux qui ressentent des angoisses liées à la situation actuelle.
« Souffrir du confinement, c’est normal. Être angoissé, c’est aussi ce qui nous protège, nous fait prendre conscience de la gravité de la situation. Mais certains ont besoin d’exprimer leur mal-être, surtout ceux qui sont seuls. Nous sommes dans une écoute bienveillante, nous ne sommes pas là pour juger ».
Parfois l’écoute suffit. Soit celle des « écouteurs professionnels », soit celle de l’un des 6 psychologues cliniciens partenaires, vers qui peuvent être orientés les appelants. Dans certains cas, les plus fragiles sont dirigés vers les hôpitaux psychiatriques, en Creuse, Corrèze ou Haute-Vienne.
« Les personnes isolées surtout nous appellent »
Pour Delphine Beaussant, psychologue du Centre Ecoute et soutien en Creuse, il s’agit aussi de maintenir un lien avec les personnes suivies d’habitude. Notamment avec les patients claustrophobes, hypocondriaques ou souffrant de nosophobie (la peur de contracter une maladie), chez qui l’angoisse peut exploser pendant le confinement.
En Creuse, elle doit également répondre aux angoisses de personnes âgées et seules qui se demandent « si je tombe malade, j’ai peur de ne pas être soigné ».
Delphine Beaussant insiste bien en parlant de cette aide psychologique par téléphone : « on parle de soutien, pas de thérapie ». Ses conseils pour préserver au mieux sa santé mentale, même si aucun mode d’emploi tout prêt n'existe, sont les suivants :
« il faut le plus possible fixer des rituels, maintenir une routine quotidienne, prendre soin de soi, de son corps, faire de bonnes pauses déjeuner par exemple, notamment pour ceux qui télétravaillent ; appeler des proches, garder un lien avec les autres même si on ne les voit pas. Et surtout, rester informé mais en limitant l’exposition aux médias, qui peut être extrêmement anxiogène ».
Même si c’est plus facile à dire qu’à faire, les professionnels nous poussent à essayer de voir le bon côté des choses. Le confinement peut permettre de se recentrer, de faire un réel travail sur soi. Et réaliser que rester chez soi est une mission de résistance : c'est un acte civique et altruiste. Le voir ainsi - et c'est une réalité et pas seulement une vue de l'esprit - permet de mieux vivre ce confinement.
« Attention aux syndromes post-traumatiques qui pourront perdurer »
Le Docteur Eric Charles, psychiatre au Centre Hospitalier Esquirol à Limoges, ajoute que tout ce qui rassemble, même virtuellement, comme les applaudissements à la fenêtre en soutien aux personnels soignants, l’entraide entre voisins ou les liens sur les réseaux sociaux, peut être bénéfique.
Il alerte toutefois :
« Attention aux théories du complot qui fleurissent et auxquelles les personnes fragiles peuvent plus facilement adhérer. Ne passez pas trop de temps sur internet à lire tout et n’importe quoi. Attention aussi aux incivilités, comme les gens qui se promènent ou font du vélo, et qui peuvent provoquer colère et animosité chez d’autres qui respectent à la lettre le confinement ».
Il ajoute que les effets de cette crise ne s’envoleront sans doute pas une fois la quarantaine terminée : « Nous aurons le contre-coup de tout ça, il y aura un impact sur le plus long terme, voire même un état de stress post-traumatique possible ».
Le psychiatre lui aussi s’est mis à la téléconsultation, depuis le lundi 17 mars, comme nombre de ses confrères d’Esquirol. De plus, le Centre hospitalier devrait mettre en place une cellule d’écoute très prochainement.
Rappelons que les consultations chez un psychologue ou un psychiatre font partie des dérogations médicales justifiant un déplacement, si la téléconsultation ne suffit pas.
Les antennes de l'association Centre Ecoute et Soutien en Limousin
Centre Ecoute et Soutien, en Limousin47, Avenue du Maréchal Foch
19100 Brive la Gaillarde
Tél. : 05 55 23 49 95
25 quai Gabriel Péri
19000 Tulle
Tél. : 05 55 23 49 95
35 avenue du général Leclerc
19200 Ussel
ainsi qu'une permanence à Aubusson
Tél. : 05 55 23 49 95
31, Avenue Baudin
87000 Limoges
ainsi qu'une permanence sur Bellac et St Yrieix
Tél. : 05 55 23 49 95
4 rue Salvador Allende
23000 Guéret
Tél. : 05 55 23 49 95
Centre Ecoute et Soutien, en Limousin
47, Avenue du Maréchal Foch
19100 Brive la Gaillarde
Tél. : 05 55 23 49 95
25 quai Gabriel Péri
19000 Tulle
Tél. : 05 55 23 49 95
35 avenue du général Leclerc
19200 Ussel
ainsi qu'une permanence à Aubusson
Tél. : 05 55 23 49 95
31, Avenue Baudin
87000 Limoges
ainsi qu'une permanence sur Bellac et St Yrieix
Tél. : 05 55 23 49 95
4 rue Salvador Allende
23000 Guéret
Tél. : 05 55 23 49 95