L'ex-dirigeant de Batasuna Arnaldo Otegi, qui fut considéré comme le "bras politique" de l'ETA, estime que la remise de ses armes par l'organisation séparatiste est un "événement historique", qui sera suivi d'un "débat entre ses militants sur son avenir".
"On galvaude le mot historique et il perd de la valeur. Mais je crois que le fait qu'une organisation comme l'ETA disparaisse ou se désarme en cette année 2017 eh bien c'est un événement historique", déclare Arnaldo Otegi, ex-membre de l'ETA et dirigeant du mouvement indépendantiste Sortu dans un entretien à l'AFP.Débat sur l'avenir
Faut-il appeler à la dissolution de l'ETA ? "Je crois que l'ETA doit entamer un débat entre militants sur son propre avenir. Mais je ne vais pas faire d'appel public", répond-il lors de cet entretien réalisé quelques heures avant l'annonce par l'ETA de son désarmement, lancé samedi."Demander à l'ETA, exiger de l'ETA, interpeller l'ETA, ne me paraît pas efficace", ajoute-t-il. "Je n'avais fait aucune demande publique pour l'arrêt de l'activité armée et pourtant ces deux étapes ont été franchies", ajoute-t-il. "J'ai toujours considéré que les gestions discrètes (...) fonctionnent mieux". Otegi, 58 ans, a terminé en mars 2016 de purger une peine de six ans et demi de prison pour avoir tenté de re-créer le parti interdit Batasuna, branche politique de l'ETA. Controversé pour son refus de demander ouvertement "pardon" aux victimes de l'ETA au nom de l'organisation, il fut aussi l'un des premiers à souhaiter l'arrêt de la violence.
La violence de l'ETA a fait selon les autorités 829 morts entre 1969 et 2010, dont beaucoup de gardes civils et policiers, mais aussi des politiques, des anonymes, des passants. L'organisation séparatiste basque armée ETA, créée en 1959 et qui avait annoncé en 2011 qu'elle renoncerait à la lutte armée, ne s'était pas désarmée. Elle a annoncé qu'elle procèderait samedi à son "désarmement total" et, premier geste, a remis aux autorités françaises, via des intermédiaires, une liste de caches d'armes.
La Commission internationale de vérification, une structure non reconnue par Madrid et Paris, qui oeuvre pour la fin du conflit au Pays Basque, a confirmé samedi matin la remise de cette liste aux autorités françaises. Otegi a passé une dizaine d'années en prison mais jamais pour des crimes de sang.