L'arrestation jeudi de Josu Ternera, ancien chef de l'organisation séparatiste basque ETA recherché depuis 16 ans, fait des remous. Elle est "inacceptable" et "une insulte", déclare le collectif basque Bake Bidea ("le chemin de la paix"), qui a oeuvré au désarmement d'ETA et acté sa fin.
Cette arrestation mobilise déjà au Pays basque.
Ternera, 68 ans, ancien numéro un de l'organisation dissoute l'an dernier, a été arrêté à Sallanches (Haute-Savoie) après une longue cavale. En tant que cadre de l'ETA, il a d'abord été l'inspirateur d'une stratégie d'attentats meurtriers avant de devenir promoteur de négociations de paix avec l'Etat espagnol.
Pour Anaiz Funosas, Présidente du mouvement "Bake Bidea", " C'est encore une fois la confirmation des deux Etats qui ne sont pas à la hauteur des enjeux de ce territoire.""Bake Bidea et Les Artisans de la Paix réaffirment leur engagement dans la recherche d'une paix durable (au Pays basque), frappée au sceau d'un vivre ensemble qui doit être construit entre tous. Cette arrestation est inacceptable et une insulte dans le contexte actuel", écrit le collectif basque.
C'est une insulte à tous les pas qu'on a réussi à franchir sans leur participation.
Un acteur de la fin d'ETA
"C'est sa voix que l'on avait entendu proclamer la dissolution d'ETA le 3 mai 2018 (...). Cette proclamation officiellement confirmée le lendemain (...) a permis l'entrée de la société basque dans un contexte résolument nouveau", dit encore le communiqué de Bake Bidea, qui se décrit comme "un mouvement civil en faveur de la paix au pays basque" et milite notamment en faveur des prisonniers basques."Les Etats français et espagnol n'assument pas de façon responsable les avancées décisives réalisées ces huit dernières années, sous l'impulsion d'une société civile basque refusant d'être enchaînée au passé", poursuit encore ce texte.
L'arrestation de Josu Urrutikoetxea est inacceptable et une insulte dans le contexte actuel. Les Etats français et espagnol n’assument pas de façon responsable, les avancées décisives réalisées ces huit dernières années. pic.twitter.com/gRqt9WfmFc
— Artisans de la Paix (@Artisans_Paix) 16 mai 2019
Pour Jean-Pierre Massias, universitaire spécialiste du mouvement, cette arrestation est à la fois logique et surprenante.
Logique car il est condamné et poursuivi pour des crimes extrêmement graves (.. ), mais surprenante dans la mesuer où il a été très associé au processus de paix, que l'activité militaire est arrêtéer, ETA n'existe plus.
Mobilisation au Pays basque
Un mouvement politique basque implanté côté français, la coalition nationaliste de gauche Euskal Herria Bai, a pour sa part appelé à des rassemblements jeudi soir dans trois localités basques, Bayonne, Saint-Jean-Pied-de-Port et Mauléon, pour dénoncer l'arrestation de Josu Ternera.
Selon une source judiciaire, cette interpellation a été menée en exécution d'un mandat d'arrêt visant Ternera depuis sa condamnation par défaut en 2017 à huit ans de prison en France pour "participation à une association de malfaiteurs terroriste". Il doit être présenté jeudi au procureur puis au juge des libertés et de la détention du tribunal de Bonneville.
Fondée en 1959, l'ETA a tué au moins 853 personnes durant quatre décennies de violence pour l'indépendance du Pays basque. Elle a décrété un cessez-le-feu en 2011 avant de se dissoudre il y a un an.