Le centre ville de Bayonne sort son épingle du jeu dans un contexte économique marqué par la fermeture de grandes enseignes de magasins. Boutiques indépendantes et artisans conservent une clientèle fidèle, friande de lèche vitrine dans les rues de la capitale labourdine.
Dans les rues du centre-ville de Bayonne, quelle que soit la période de l'année, il y a toujours de l'animation, des promeneurs qui parcourent les rues commerçantes.
D'après la ville, près de mille boutiques sont disséminées sur trois quartiers à la confluence de l'Adour et de la Nive. Ici, on est loin des cœurs de ville désertés au profit des centres commerciaux périphériques. On est dans une autre dynamique.
Forts de 900 commerces, le Petit Bayonne et ses ruelles sont fréquentés par deux millions de visiteurs chaque année. Il faut dire que l'attrait de la ville, son architecture et son authenticité représentent un véritable attrait pour les touristes qui viennent de près ou de loin. Mais pas seulement.
Des loyers modestes
Car ici, les commerçants cherchent à se démarquer par leurs produits ou leurs savoir-faire. Ainsi Jérémy Mondange a ouvert son magasin spécialisé dans les articles de randonnée, il y a peine trois semaines, rue d’Espagne à Bayonne. À 28 ans, le jeune homme originaire de Mouguerre a choisi de s'installer en cœur de ville. Il semble avoir bien réfléchi à cette implantation.
"Bayonne, rien que le cœur de ville on est à 50 00 (habitants), et puis la population est assez dynamique, elle est jeune, il y a du pouvoir d'achat". Il faut dire également qu'ici, détail non négligeable, le loyer peut être jusqu'à cinq fois moins cher que dans les centres commerciaux ! Ce qui a dû le conforter dans son choix.
"L'enjeu c'était aussi d'aller chercher des marques qu'on ne retrouve pas sur tout le territoire et travailler avec des marques spécifiques". Il estime qu'en "centre commercial, les gens vont spécifiquement pour acheter. En centre-ville, ils vont là pour flâner, aller boire en verre, ce n'est pas la tout à fait la même dynamique ".
Depuis son ouverture, le 19 février, il semble confiant. Le rythme des fréquentations du mois de mars est rassurant après les grosses pluies des derniers jours. "Il y a pas mal de monde qui rentre. Ils sont contents de la boutique, de l'univers que j'apporte ".
Flâner et acheter
Du shopping différent, c'est ce que semble rechercher la clientèle qui arpente ces jolies ruelles. Créateurs, concept store, boutiques traditionnelles, épiceries, cafés...Cet éclectisme, c'est aussi, ce qui plaît à cette habituée : "il y a des petits couturiers, des artisans..."
"Le fait d'errer, de flâner, de regarder les vitrines, ça donne envie d'acheter", assure cette promeneuse. "On est natifs d'ici, on n'habite plus ici mais dès qu'on peut on vient", confie-t-elle dans un sourire. "À partir du moment où on rentre dans cette rue, on est bien ! Les boutiques sont jolies... On en a découvert une nouvelle... c'est coloré, c'est chouette. Pour faire des cadeaux, on vient ici". Son compagnon surenchérit : "on peut tomber au hasard sur quelque chose de très bien". Et puis, "quand on vient ici, on s'arrête au café, et là, on peut entendre chanter... On est bien ici !" Ils sont intarissables sur leurs souvenirs, évoquant d'anciennes boutiques atypiques comme le plaisir qu'ils ont de revenir ici à chacun de leurs séjours bayonnais.
Des enseignes indépendantes
Aussi, un local commercial vide ne le reste jamais très longtemps, paraît-il. Le taux de vacance en cœur de ville est de près de 5%, quand il est au moins du double en moyenne à l'échelon régional, sur toute la Nouvelle Aquitaine.
Ici, 80% des enseignes sont indépendantes. Et chacune semble apporter sa patte, son offre "singulière" comme l'assure Yvan Garcia y Muriente, le président de l'office de commerce et de l'artisanat. Cet éclectisme fait la force et l'attractivité de ces quartiers commerçants et semble leur permettre de résister à la morosité ambiante du moment.
"On a la chance à Bayonne de travailler toute l'année" car cette offre "plurielle et singulière" convient aussi bien aux Bayonnais qu'aux touristes au fil de l'année. Ces derniers sont, dit-il, "subjugués par cette offre-là, très atypique : des choses très pointues qu'on ne trouve nulle part ailleurs !"