Ce lundi, les pêcheurs du littoral atlantique se sont donné rendez-vous à Bayonne. Ils protestent contre une baisse de plus d'un tiers des quotas de sole, décidée par la Commission européenne.
Ils sont sept fileyeurs à entrer dans le port de Bayonne. Des pêcheurs venus des Landes, du Pays basque ou de la Gironde, pour se faire entendre.
Le motif de leur colère, c'est la baisse de plus d'un tiers des quotas de pêche à la sole. Une décision qui était dans les tiroirs depuis plusieurs mois. Mais, ce n'est qu'à la mi-décembre que le compromis européen a été trouvé autour des quotas de pêche. C'est pour les poissons plats que la baisse est la plus conséquente : une baisse de 36 %, dès l'an prochain. Une catastrophe pour de nombreux professionnels.
"La sole, c'est 50% de mon chiffre d'affaires, explique Olivier Mercier, patron armateur à Arcachon, venu au rassemblement de Bayonne. Si on enlève 36 % de ces 50 %, ça fait quand même un sacré trou ! "
"On aurait pu anticiper"
D'autant plus que pour le patron de pêche, les pertes iront au-delà du poisson plat. "Quand on pêche un kilo de sole, on pêche aussi un kilo de poissons divers, dont certains ne sont pas soumis à des quotas. Donc on va perdre aussi 36 % sur ces poissons divers. C'est le coup de grâce", déplore-t-il.
Yves Herszfeld est le directeur du port de pêche d'Arcachon. Lui aussi se dit très inquiet, alors que la sole représente la moitié du chiffre d'affaire de la criée. Il estime les pertes entre 1, 5 et 2 millions d'euros. "Certes, on savait qu'il y aurait une baisse, mais on pensait que ce serait lissé sur plusieurs années, avance-t-il. S'il ça avait été étalé sur deux ou trois ans, on aurait pu anticiper. Là, on n'a pas d'issue de secours".
J'ai entendu certains parler de douche froide au sujet de ces quotas. A mon sens, c'est bien pire. C'est un coup de pied à un homme à terre.
Yves Herszfeld, directeur du port de pêche d'ArcachonFrance 3 Aquitaine
Des aides insuffisantes
Des aides compensatoires devraient être versées par le Fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche. Mais sur ce sujet, Yves Herszfeld n'a aucune assurance. "Je ne sais pas si nous serons inclus dedans. Et concernant les pêcheurs, si le montant n'est pas à la hauteur, de nombreuses exploitations seront en danger".
Selon Olivier Mercier , le montant de ces aides, promises par l'Union européenne n'est pas suffisant pour compenser les pertes. "Ça nous rassure, mais aujourd'hui, on nous propose 70 % de notre chiffre d'affaires journalier. Leur calcul part sur une mauvaise estimation de nos frais fixes. Il manque 15 % pour que ces aides soient acceptables", avance-t-il.
L'armateur souhaite également que le décret portant sur ces compensations inclue un délai de paiement de ces aides. "L'an dernier, on a attendu un an avant de toucher les aides liées à la crise sanitaire", se souvient-il avec amertume.
Une partie des pêcheurs de la côte Atlantique se sont réunis sur le port de Royan. A tous, la ministre de la mer Annick Girardin a voulu envoyer un message rassurant, se disant "à leurs côtés".
"La ministre a obtenu la mise en place d’un plan d’accompagnement, financé par le fonds européen pour les affaires maritimes et la pêche (FEAMP). Sur le modèle des plans Brexit et Méditerranée, ce plan sera proposé à l’ensemble de la filière pêche concernée dans le Golfe de Gascogne", écrivait la ministre dans un communiqué le 14 décembre, assurant que cette baisse de quotas "permettra d’œuvrer en faveur d’une plus grande durabilité de cette espèce emblématique du Golfe de Gascogne".
Variable d'ajustement
Olivier Mercier, lui souhaite, qu'une nouvelle étude soit menée sur la disparition des stocks de sole. "On laisse penser qu'il y a de la surpêche, mais c'est faux, nous avons toujours respecté les quotas en France. Il y a un problème de gestion. Ça peut être le réchauffement climatique, la qualité des eaux… Il faut comprendre d'où ça vient et arrêter de nous considérer comme une variable d'ajustement", dénonce-t-il.