Grippe aviaire : “Les consommateurs sont trompés. Il n’y a plus aucun produit de plein air”

Depuis sept mois, la grippe aviaire touche la quasi-totalité des exploitations avicoles. Contraints d’élever canards et oies claustrés, les agriculteurs crient leur ras-le-bol.

Depuis près de sept mois, impossible de voir un canard en plein air. Les contraintes sanitaires liées à la grippe aviaire imposent une claustration systématique à toutes les exploitations avicoles.

Investissements coûteux

Dans leur exploitation au Puch d’Agenais, Adrien et son père sont touchés de plein fouet par les restrictions. Leur cinq hangars sont désespérément vides, alors qu’ils attendaient 24 000 canetons cette semaine. “On fait trois lots par an, mais cette année, on ne sait pas si on réussira à les faire”, analyse Martial Neels, producteur de foie gras.

Pourtant, ils mettent tout en œuvre pour reprendre une activité au plus vite. Il va falloir investir sur des jardins d’hiver, pour protéger les animaux de l’extérieur tout en leur permettant d’être dehors”, illustre Adrien Neels.

► Reportage en Lot-et-Garonne de M-E. Constans et N. Pressigout

dans le Lot-et-Garonne, les éleveurs protestent contre des mesures coûteuses. ©France 3 Aquitaine

Faux plein air

Dans les Pyrénées-Atlantiques, les éleveurs sont aussi contraints de garder leur cheptel enfermé dans leur hangar. Une situation intolérable pour ce consommateur. "Cette directive s’applique à tout le monde, sans discernement. Le plein air est aussi touché que les industriels, sauf que les industriels ne changent rien et les autres entassent leurs animaux”, explique Patrick Defais, membre de l’association “Sauve qui poule”.

Car si dans les supermarchés, les rayons présentent encore de nombreux produits de plein air, dans les exploitations, les animaux n’ont pas vu le jour depuis plusieurs mois.

 Les consommateurs sont trompés.Il n'ya plus de produits de plein air. Il y a une dérogation de l’Etat pour qu’ils continuent avec leurs anciens emballages.

Patrick Defais, consommateur membre de Sauve qui Poule

Mais ici, certains préfèrent agir en hors-la-loi. C’est le cas de cette éleveuse qui sortira ses canetons la semaine prochaine. “Normalement, on a une obligation de claustration, mais c’est inconcevable. C’est une question qui ne devrait pas se poser. Le plein air fait partie de notre modèle d’élevage”, explique Bénédicte Dagorret.

► Reportage dans les Pyrénées-Atlantiques de S. Corrieri et S. Estrade

Au Pays basque, la filière regrettent de ne pas pouvoir élever leurs volailles en plein air. ©France 3 Aquitaine

Ras-le-bol

Ce vendredi matin, une soixantaine d’éleveurs de la Coordination Rurale du Lot-et-Garonne s’étaient donné rendez-vous devant la préfecture d’Agen pour dénoncer la gestion de la crise aviaire. “Les agriculteurs ont fait des investissements de temps et d’argent. Aujourd’hui, on demande des comptes. Les mesures de sécurité ne marchent pas, l’épidémie progresse. C’est une perte de temps”, condamne Aurélie Mella, productrice de canards et d’oies à Montpezat-d’Agenais.

Parmi les mesures, l’interdiction de mouvement et la claustration imposée sur un rayon de 20 km autour des foyers de contaminations. “Ce sont des surfaces trop importantes. Les éleveurs ont des manques à gagner trop conséquents”, explique Aurélie Mella.

Selon l’éleveuse, la moitié des producteurs du département seraient aujourd’hui à l’arrêt à cause de cette directive. “Elle aurait dû être levée la semaine dernière, mais ils ont des retards de contrôle”, précise Aurélie Mella.

Des semaines de travail perdues

Une heure plus tard, après une réunion avec la préfecture, le soulagement est timide parmi les manifestants. “Ils ont retiré l’interdiction des 20 km. C’est un bon signal, mais ce n’est pas suffisant. Tout ne va pas repartir demain. Les canetons et poussins ont déjà été vendus à d’autres, les éleveurs vont perdre encore une semaine minimum”, regrette Aurélie Mella.

Une première victoire qui n’en a pas la saveur pour ces producteurs avicoles. On craint que d’ici à ce qu’on se relance de nouvelles mesures viennent nous stopper. Aujourd’hui, on se demande même si la grippe aviaire ferait pas moins de ravages que l'administration elle-même", lâche Aurélie Mella.

Un ras-le-bol presque résigné pour ces éleveurs, qui attendent désormais le reclassement des zones de protection en zone de surveillance. Une mesure qui devrait alléger les restrictions dans un quart des zones impactées.

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