En deux mois, le street artist Exist a produit une centaine de graffitis sur des boîtiers électriques et panneaux de chantiers de la ville de Bayonne, dans le Pays basque. La mairie a décidé d'en effacer certains, pour laisser place à l'expression d'autres formes d'art. Une pétition, réunissant 1 200 signatures, a été lancée en soutien à l'artiste.

Au cœur de la ville de Bayonne, les maisons à colombage et les ruelles pavées accueillent depuis plusieurs semaines de nombreux personnages. Avec ou sans béret, à la peau tantôt rouge, bleue ou brune, ils sont l'œuvre du street artist Exist. Au total, 120 graffitis illuminent boîtiers électriques et panneaux de chantier bayonnais. Toutefois, certains ont disparu sous des couches épaisses de peinture grise. Une volonté de la mairie, pour favoriser "la diversité des expressions culturelles".

Même si elles sont éphémères, je veux que mes oeuvres durent le plus longtemps possible

Exist

Street artist à Bayonne

"J'ai beaucoup travaillé pendant deux mois, en pensant avoir carte blanche", confie le street artist Exist, encore surpris du revirement de situation. David, de son vrai prénom, s'est dit "touché" lorsqu'il a compris que certaines de ses œuvres, notamment situées dans le centre historique de la ville, ont été recouvertes à l'initiative de la mairie. Il y a trois mois, c'est pourtant une personne travaillant à l'hôtel de ville qui lui a proposé, de manière officieuse, d'exprimer son art dans les rues. 

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Street Artist Bayonne ©France 3 Aquitaine

Une situation d'autant plus insupportable, selon l'artiste, au regard du soin qu'il apporte au respect des rues, monuments et surfaces de la commune : "Dès que je graffe, je protège les sols et les murs et veille à ne pas abimer les façades ou voitures qui peuvent se trouver à côté, précise David, qui tient à rappeler : je n'ai jamais considéré que la rue appartenait à tout le monde. Je m'approprie seulement les endroits qui ne dérangent personne ou qui sont voués à disparaître."

1 200 signatures réunies dans une pétition 

"David a mis du cœur, de l'argent et du temps dans ce projet, raconte son ami Victor Soubeyran. Pour le soutenir, cet informaticien de profession a créé une pétition en ligne, qui réunit à ce jour plus de 1 200 signatures. Une manière d'interpeller la mairie, pour qu'elle revienne sur sa décision. "Même si on n'a pas gain de cause, on voit que les Bayonnais supportent son travail. C'est une forme de reconnaissance."

Pour Victor Soubeyran, la commune de Bayonne a toujours été "une ville du street art", comme le montre la tenue du festival Point de vue, dont la prochaine édition se tient du 18 au 22 octobre. "Les gens aiment le dessin. Chaque année, plusieurs commerçants demandent même à David de taguer leurs talenquères et leurs devantures pour les fêtes de Bayonne", précise Victor Soubeyran, qui espère réunir 3 000 signatures pour sa pétition.

 

Établir un cadre pour la création des œuvres 

De son côté, la mairie de Bayonne se décrit elle-même comme étant "impliquée de longue date dans la promotion de la culture urbaine, rapporte David Tollis, directeur général des Services de la mairie. Toutefois, il avance le besoin d'établir un cadre avec l'artiste : "Toutes ses œuvres ne peuvent pas continuer à se développer dans la ville. Il faut favoriser la diversité des cultures urbaines, en prenant en compte le cadre de vie, l'architecture et globalement le bien-être et le développement de la commune."

La mairie de Bayonne reconnaît que David est "un artiste respectueux du milieu urbain" et souhaite le rencontrer "pour discuter avec lui et réfléchir à l’existence de ses œuvres dans la ville. Les artistes sont libres dans la création de leurs œuvres, mais cette liberté aussi doit être encadrée."

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