La réplique du navire de La Fayette va rester en cale sèche à Anglet dans le port de Bayonne plus longtemps que prévu. De lourds travaux sur sa coque doivent être menés avant que le bateau ne puisse reprendre le large.
Le diagnostic est posé. Les charpentiers de marine ont inspecté le navire. Les travaux vont pouvoir débuter le 14 février et vont durer près d'un an. Le bateau amarré en cale sèche au port de Bayonne depuis septembre 2021 après avoir quitté Rochefort, souffre de champignons apparus sur la voûte arrière de sa coque.
Deux champignons qui "attaquent le bois de la structure primaire". Il s’agit du polypore et du lenzite. Ils ont abîmé une partie arrière de la carlingue. Ils ont pu se développer à cause d'un manque de ventilation dû à un empilement de pièces de bois.
Pour réparer, il va falloir procéder à des travaux très techniques. " Vous avez d’énormes masses de bois, il faut pénétrer au cœur de cette masse de bois ce qui rend le travail très délicat et plutôt très compliqué" rappelle François Asselin le président de l'entreprise du même nom, spécialisée dans la restauration des monuments historiques.
Afin de mener à bien ces opérations, l’énorme carcasse du trois-mâts doit être "déshabillée" annonce Jean-Philippe Houot, le maître d'œuvre. Il s’agit d’assainir et traiter à l'antifongique les pièces touchées, voire les changer pour les plus abîmées.
Pour cela, 50 personnes sont mobilisées auprès de la réplique du navire de guerre qui a transporté le marquis de La Fayette aux États-Unis en 1780. La mise en cale sèche pour de longs mois doit aussi permettre de vérifier l’ensemble du navire. Les mâts, les cordages, les voilures vont être inspectés.
Un chantier en cale sèche à ciel ouvert
Le chantier sera ouvert au public à partir du 12 février, car le trois-mâts qui a permis de combattre aux côtés des insurgés américains luttant pour leur indépendance contre les Anglais au XVIIIe siècle est aujourd’hui un "outil pédagogique à ciel ouvert et une formidable vitrine sur les métiers du bois et de la navigation" pour Émilie Beau, la directrice générale de l'association Hermione-Lafayette.
"Pour que l'on puisse avoir un public différent de Rochefort, leur permettre de voir les formes du bateau qui sont sous l'eau d'habitude", précise Marc de Briançon, vice-président de l'association Hermione - La Fayette.
C’est l’occasion d’expliquer aux plus jeunes les métiers mis à contribution comme la menuiserie, la charpente, l’électricité et montrer comment chaque corps de métier va pouvoir travailler ensemble avec l’espoir "de susciter des vocations".
L’association estime le coût des travaux à trois millions d'euros pour remettre le navire en état. L'Hermione qui devait initialement entreprendre un tour d'Europe du Nord en 2022 va devoir patienter au Pays basque au moins jusqu'en janvier 2023.
Nul ne sait encore avec précision quand la frégate retrouvera Rochefort son port d'attache.
Le reportage d'Emmanuel Clerc et Rémy Poissonnier