Faux papiers, travail dissimulé, ce que l'on sait du démantèlement d'un réseau de travailleurs clandestins

Après neuf mois d’enquête, l’office de lutte contre le trafic illicite de migrants a réalisé un coup de filet dans les Landes et le Gers. Au total, une dizaine de personnes ont été interpellées. Parmi elles, des travailleurs clandestins ainsi qu’un propriétaire d’appartements et un Français, soupçonné d’être à la “tête du réseau”.

L’opération a été menée au petit matin, dans un immeuble de Gabarret, dans les Landes, ainsi qu’à Eauze, dans le Gers. Près de 80 policiers, gendarmes, policiers espagnols ainsi que représentants de la MSA, de l’inspection du travail, de l’ARS et de la direction des impôts, ont été mobilisés pour ce coup de filet. Une dizaine de personnes ont été interpellées. Cinq d’entre elles ont été placées en garde à vue ce mardi 30 janvier.

Colis espagnol

Tout démarre il y a neuf mois. Les policiers espagnols interceptent un colis, contenant des faux papiers en provenance de Turquie. “Ces documents étaient à destination de plusieurs individus dans les Pyrénées-Atlantiques et dans les Landes”, explique Benoît Cassière, chef du détachement de l’Oltim (Office de lutte contre le trafic illicite de migrants) d’Hendaye.

On a ensuite pu identifier une société qui se faisait livrer ces faux documents et c’est comme ça qu’on a pu constater ces infractions

Benoît Cassière,

chef du détachement de l’Oltim d’Hendaye

Cette société landaise est gérée par un français de 55 ans d’origine marocaine, qualifié par les enquêteurs de “tête du réseau”. Il faisait venir des hommes de 20 à 30 ans depuis le Sahara vers les vignes de plusieurs domaines viticoles des deux départements. 

Cinq garde-à-vues

Au total, ce mardi 30 janvier, l’enquête menée par la police aux frontières conduit à l’arrestation de huit travailleurs algériens et marocains, employés clandestinement dans plusieurs vignobles de l’Armagnac et du Jurançon, pour certains depuis quatre ans.

Trois d’entre eux ont été placés en garde à vue pour “port de faux papiers”. Ils sont finalement ressortis libres cet après-midi avec une obligation de quitter le territoire dans les 45 jours. “Les cinq autres personnes, en situation irrégulière, sont en rétention administrative”, indique Benoît Cassière.

Selon l’office de lutte contre le trafic illicite de migrants de la Police aux frontières d’Hendaye, associé à la MSA et l’Inspection du travail, le préjudice serait évalué à plus de 85 000€ pour la MSA et 10 000 heures de travail dissimulées depuis 2020. 

Le "motel"

À Gabarret, le bâtiment où résidaient ces travailleurs est surnommé le “motel” par les habitants du secteur. Au total, 34 personnes étaient logées dans les 22 appartements que les gendarmes qualifient “d’insalubres”. Parmi les locataires, beaucoup sont étrangers : marocains, mauritaniens, égyptiens, ukrainiens.

Un des propriétaires de cet immeuble, détenant sept appartements, a aussi été interpellé et placé en garde à- ue pour “logement indigne”. Il a été relâché en début d’après-midi. “Ça s’est passé à 6 h du matin. Je vous avoue que c’était un peu bizarre, je n'ai pas bien compris”, confie Thierry Turla, l’un des propriétaires de l’immeuble.

Après sa garde-à-vue, il est retourné à cet immeuble de Gabarret. “Les forces de l’ordre ont cassé les portes. Je vais aller à la gendarmerie pour leur porter la facture”, s’énerve le propriétaire. 

"Mon appartement, il est propre"

Parmi ses locataires, aucun n’a été interpellé. “Ce sont des travailleurs, qui paient leurs loyers. Ils sont en règle comme mes baux”, indique Thierry Turla. Pourtant, c’est sur l’insalubrité de ses logements que le propriétaire a été entendu. “Quelle insalubrité ?”, interroge-t-il, en montant les petits appartements qu’il loue. 

Dans le couloir, une de ses locataires confirme ses propos. “Mon appartement il est propre. J’ai une cuisine, une salle de bain, le chauffage et l’eau chaude. Il est très bien”, répète cette ouvrière agricole dans un élevage de canards. “Sans vous, on serait à la rue”.

 

L’enquête, confiée au parquet de Bayonne prévoit désormais d’entendre les exploitations viticoles qui ont eu recours à ces travailleurs.

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