Au moment de signer l'acte de naissance, la mairie refuse que le tilde apparaisse dans le nom de famille de son fils. Pendant trois ans, cette mère de famille a multiplié les démarches, jusqu'à obtenir gain de cause.
Alexandra Ibañez, mère de deux enfants, habite à Espelette depuis maintenant deux ans. Son nom de famille, à consonance espagnole, porte un "tilde" sur la lettre N. La précision est importante, car à la naissance de son deuxième enfant, en 2017, lorsque la mère de famille souhaite accoler son nom à celui de son mari sur l'acte de naissance, sa demande est refusée par la mairie. "Le tilde est interdit en France, ça m'a fait mal au cœur", indique-t-elle.
"Un nom qui n'est plus le sien"
En effet, à ce jour, le tilde n'est pas encore reconnu par la République française. Pour la mère de famille, la surprise est de taille. "On avait déjà fait une déclaration préalable et personne ne nous a prévenus, on n'était pas préparés." Sur l'acte de naissance, le tilde disparaît alors et la prononciation de son nom de famille se voit modifiée. "Changer une lettre dans son nom de famille, c'est plus le même, c'est un nom qui n'était pas le sien", regrette-t-elle.
Mais hors de question pour elle d'abandonner. Alexandra entame ses recherches et prend connaissance d'une histoire similaire, en Bretagne. Un petit Fañch dont le tilde est également refusé par la mairie. L'affaire est médiatisée et les parents obtiennent finalement gain de cause."À partir de là, je me suis dit que moi aussi, je voulais le récupérer", se souvient-elle, indiquant le début de son "combat à son échelle".
Une bataille de trois ans
Après avoir pris contact avec la famille du petit Fañch, et envoyé plusieurs courriers au procureur de Bayonne, en vain, Alexandra s'empresse de créer une page publique sur le réseau social Facebook "Touche pas à mon n tildé". Le but est de réunir et de partager les expériences et les informations d'autres personnes dans la même situation qu'elle. "Au Pays-Basque, il y a beaucoup de prénoms avec des tildes", précise-t-elle.
Quelques mois plus tard, une mère de famille, qui vient de donner naissance à une petite fille dont le prénom comporte le tilde, lui envoie un message. "Elle avait constitué un dossier en amenant plusieurs arguments qui justifiaient l'écriture correcte de son prénom, et ils ont réussi", sourit Alexandre. Ce dossier, qu'elle lui partage, lui permettra de récupérer le tilde sur le nom de famille de son fils. La préfecture, au regard des arguments avancés, accepte finalement la correction.
Ça m'a pris trois ans de collecte d'informations, mais oui, c'est possible. Il n'est jamais trop tard pour demander une correction
Alexandra Ibañezmère de famille
Solidarité
Aujourd'hui, Alexandra continue d'aider ceux qui, comme elle, souhaitent se battre pour l'identité de leurs prénoms et noms de famille. C'est toujours elle qui gère la page Facebook "Touche pas à mon n tildé". "Les gens me demandent de l'aide, je leur partage mes documents, mon dossier pour qu'ils puissent avancer", explique-t-elle.
La mère de famille juge quand même cette situation regrettable. "Je ne comprends pas pourquoi on essaie de nous mettre au placard, il faut arrêter de considérer que ce sont des prénoms étrangers, lâche-t-elle incrédule. Ça me déchire le cœur, c'est toute une histoire qui se perd."