Dans sa jeunesse, Patrick a été victime d'agressions sexuelles à plusieurs reprises par le curé d'Ascain dans les Pyrénées-Atlantiques. Malgré une indemnisation récemment obtenue, il témoigne et évoque la difficulté de se reconstruire après de tels actes.
"J'ai tout perdu. Financièrement, socialement… Ce n'est pas que j'ai tout perdu, j'ai tout investi dans des thérapies". Patrick est aujourd'hui retraité. Pendant cinq ans, il a été violé, de façon répétée, par le curé de la paroisse d'Ascain, au Pays basque. Lorsque son calvaire a commencé, il avait tout juste 13 ans. Aujourd'hui, Patrick est surendetté, sans domicile fixe. Il a traversé plusieurs épisodes dépressifs, et se retrouve dans l'incapacité de travailler. Il est parfois hébergé chez des amis, ou se loge en mobilhome, dans des campings.
Des réparations dérisoires
Son témoignage est à retrouver, avec d'autres, dans Complément d'Enquête. Avec "Victimes de l'église, l'impossible réparation", le magazine se penche sur la prise en charge des victimes de l'Église catholique. En 2021, la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l'Église (Ciase) a recensé 330 000 personnes ayant fait l'objet de violences ou d'agressions sexuelles, commises par des membres des institutions de l'église catholique.
Certaines ont été indemnisées par l’Instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr). Patrick, dont les faits sont prescrits, a touché 60 000 euros, le montant maximal défini par l'Eglise dans le cadre de ces réparations. Très loin de la somme qu'il espérait. Au regard de ses dépenses de santé, de son préjudice économique ou encore de sa perte de revenus, une amie avocate avait estimé son préjudice à plus de 743 000 euros. La somme qui lui a été allouée ne couvre même pas ses frais de thérapie.
Comment peuvent-ils parler de réparation ? Ce n'est pas possible. Je me sens condamné, c'est fini pour moi.
Patrick, victime d'abus sexuel dans l'Eglise
Une aide du diocèse
Pour ce père de deux enfants, cette décision de l'Inirr est particulièrement douloureuse à encaisser. "J'en pleure. Je pleure parce que j'aime mes enfants. C'est terrible pour moi. Ils ne pouvaient pas faire pire".
Un sentiment partagé, jusque du côté de l'Église. Le diocèse de Bayonne, Lescar et Oloron, informé de la situation de Patrick, a même décidé de lui accorder une aide supplémentaire. Soit 1 000 euros par mois, pour lui permettre de se loger. " Je me dis que pour l'instant, la somme qui lui a été allouée par l'Inirr ne sera peut-être pas suffisante pour lui donner une stabilité", reconnaît Monseigneur Aillet.
Le témoignage de Patrick est à retrouver dans "Victimes de l'Église, l'impossible réparation" dans Complément d'Enquête sur france.tv