Samedi 8 avril est une journée capitale dans le processus de paix et pour le désarmement rapide d'ETA. La société civile basque s'est emparée de cet objectif pour tourner le plus rapidement possible la page.
Beaucoup parlent de soulagement. Enfin, les armes devraient être déposées, remises aux autorités françaises "en dehors de Bayonne " explique l'un des Artisans de la paix. Ce mouvement issu de la société civile basque s'est donné comme objectif le désarmement d'ETA le plus rapidement possible. Au pays basque, on évoque un profond désir d'en finir qui traverse toute la société et les élus de tous bords. Le rassemblement de samedi doit être solennel et digne.Avant ou après le rassemblement de samedi, les sites abritant les armes et explosifs devraient être géolocalisés et dévoilés probablement d'abord à la justice. Les caches seraient disséminées surtout en France et pas qu'au pays basque.
Depuis décembre dernier, une forte mobilisation a vu le jour. A l'image du rassemblement de Bayonne, le 17 décembre, juste au lendemain de l'arrestation surprise de membres du mouvement des Artisans de la paix, c'était à Louhossoa. Ce jour-là, ces Basques issu du mouvement altermondialiste, Txetx Etcheverry de Bizi !, ou encore un ancien monde syndical agricole Michel Berhocoirigoin sont interpellés alors qu'ils préparent déjà la restitution d'armes d'ETA. Une action qu'ils veulent filmer pour la rendre publique. Mais une centaine de policiers intervient et stoppe net l'opération désarmement. Dès le samedi 18 décembre, 4000 personnes défilent à Bayonne en soutien aux interpellés et pour encourager cette démarche pour mettre un terme aux caches d'armes. Dans le cortège, de nombreux élus de la république de droite comme de gauche.
Une majorité de partis basques demande l'aide de la France
Les partis politiques du Pays basque espagnol, à l'exception du Parti populaire (conservateur) ont lancé mercredi un appel à Paris et à Madrid pour qu'ils facilitent le désarmement de l'ETA affirmant lui accorder une "crédibilité". La réussite de cet objectif permettrait "à la société et à la classe politique basques de refermer une étape du passé" et "d'avancer (...) vers un avenir centré sur la cohabitation", déclarent les partis dans un manifeste lu à Bilbao par l'élue socialiste Rafaela Romero. Un manifeste où l'on peut lire :"Nous invitons les gouvernements espagnol et français à faciliter la finalisation du désarmement de l'ETA".
Le moment est crucial pour Jean-Pierre Massis, professeur de droit à l'université de Bayonne et fin connaisseur du dossier ETA.
Tout le monde souhaite aujourd'hui que techniquement les choses se passent bien. C'est une étape très importante dans un processus visible depuis 2011. Il n'y aura pas de triomphalisme. Il y a des victimes des deux côtés.
Les Artisans de la paix ont toujours argumenté pour lever les craintes des victimes. Ils ne veulent pas blanchir ce qu'a fait ETA mais faire en sorte qu'il n'y ait plus de victimes. Au-delà de cette mobilisation attendue samedi 8 avril, que va-t-il se passer après ? Il y aura toujours le sort des prisonniers basques environ 350 qui tient à coeur les basques espagnols.
Ecoutez Jean-Noël Etcheverry dit "Txetx", fondateur de l'association altermondialiste Bizi et du mouvement Alternatiba. Il fait partie des initiateurs de cette action avec les Artisans de la paix. Invité du 19/20 jeudi 7 avril, il est interviewé par Vincent Dubroca :
Pour rappel :
ETA : les dernières dates importantes
L'ETA avait annoncé en octobre 2011 définitivement renoncer à plus de 40 ans de lutte armée pour l'indépendance du Pays basqueet de la Navarre. Elle avait commis son dernier attentat en 2010, tuant un policier, sur le sol français, ce qui avait porté le bilan des morts attribuées à ces violences à 829. Mais elle refusait depuis le désarmement unilatéral et la dissolution exigés par Madrid et Paris, demandant une négociation sur ses membres détenus dans les prisons francaises et espagnoles.