ETA : régler le sort des prisonniers pour que la paix dure

Le sort des 270 prisonniers basques est au coeur de la résolution du conflit. La fin d'ETA, qui a annoncé sa dissolution hier, augure d'une paix fragile si les gouvernements français et espagnols n'avancent par de concert, d'après certains acteurs du dossier. 

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Le sort des 270 militants incarcérés des deux côtés de la frontière reste entier. La dissolution de l'ETA ne suffira pas à ramener un calme durable au Pays Basque, mettent en garde deux des artisans français du processus de paix, qui demandent à Madrid et Paris de régler ce problème ensemble. Il y aurait environ 220 prisonniers côté espagnol et 51 en France, répartis sur le territoire.

La balle plus dans le camp espagnol


"La fin de l'ETA n'est pas la garantie d'une paix irréversible", analyse Jean-René Etchegaray, maire de Bayonne et président de la Communauté des communes du Pays Basque.
"Si nous voulons mettre fin à ce dernier conflit armé d'Europe occidentale, il faut construire la paix en y associant les victimes et les prisonniers. Les négociations de tous les conflits armés dans le monde sont passés par la case prison", insiste-t-il dans un entretien avec l'AFP.

"La fin de l'ETA est le moment où la question des prisonniers doit être mise sur la table, où la France et l'Espagne doivent mettre fin à leur régime carcéral d'exception envers les prisonniers basques", estime également Jean-Noël Etcheverry, dit "Txetx", militant altermondialiste et l'une des chevilles ouvrières du processus de paix.

"Le régime d'exception par exemple ne permet pas la liberté conditionnelle." selon l'avocat de prisonniers basques, Jean-François Blanco. " En France, depuis le désarmement en avril 2016, il y a un véritable dialogue avec les autorités françaises qui a débouché sur le rapprochement d'une dizaine de prisonniers, mais l'étape suivante doit être abandon du régime carcéral d'exception."

Une paix fragile


"Si on ne change rien, le dernier des prisonniers basques sortira de prison dans les années 2050. Comment peut-on construire une réconciliation avec de telles perspectives ?", lance Jean-Noël Etcheverry.

D'autant qu'une nouvelle génération indépendantiste pourrait s'impatienter. "Les formes de radicalisation sont perceptibles, et cette radicalisation ne doit pas trouver de terrain favorable pour se développer", prévient Jean-René Etchegaray. "Ce serait une erreur de croire que si l'ETA se dissout, le Pays Basque est à l'abri de toute reprise de violences".

Mais les plaies sont encore saillante pour les victimes, surtout côté espagnol. "Ce n'est pas faire injure aux familles des victimes qui ont leur statut de victimes avec leurs énormes souffrances que de réfléchir à une paix durable en y associant les prisonniers", croit le maire de Bayonne.



"L'ETA n'obtiendra rien"​


Madrid ne semble pas pour le moment vouloir fléchir. " Je suis inquiet de la situation espagnole, avec un immobilisme total du gouvernement espagnol, même le gouvernement basque.  La déclaration du ministre de l'intérieur récemment est totalement fermée." juge l'avocat Jean-François Blanco. 

"L'ETA n'a atteint aucun de ses grands objectifs pour lesquels elle a tué et semé la terreur en Espagne. L'ETA n'a rien obtenu en arrêtant de tuer et n'obtiendra rien non plus par sa déclaration de dissolution", assénait le ministre espagnol de l'Intérieur, Juan Ignacio Zoido, à l'annonce de la prochaine dissolution.

La décision surprise de l'ETA de demander officiellement pardon aux victimes pour leur avoir causé "beaucoup de douleur et des dommages irréparables", place désormais Madrid dans une position plus difficile. "Ce pardon met l'Espagne face à ses responsabilités, ça remet les prisonniers entre l'ETA et l'Espagne", estime un magistrat français spécialiste du dossier.


Le défenseur de membres de l'Etat, Jean-François Blanco, analyse : " La réaction du gouvernement espagnol est inquiétante car ETA a pris ses responsabilités : il fallait mettre un terme à lutte armée. C'éait une décision complexe. Aujourd'hui, il faut sortir du conflit sinon on va générer frustration très forte et incompréhension totale et là risque de relance de la violence."

Le rendez-vous demain à Cambo-les-Bains s'appelle "la conférence  internationale pour avancer dans la résolution du conflit", les "Artisans de la paix" sont à l'oeuvre. 

 


 








 

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