Il dénonce le nom du quartier "la Négresse" à Biarritz : Karfa Diallo devant la justice ce jeudi

Le militant Karfa Diallo comparaît ce jeudi devant le tribunal correctionnel de Bayonne pour "rébellion" envers les forces de l'ordre. Un procès que le fondateur de l'association "Mémoires & Partages" entend bien transformer en tribune contre l'appellation du quartier 'La Négresse' de Biarritz.
 

C'est une affaire dans l'affaire. Ce jeudi, le militant associatif Karfa Diallo, fondateur de l'association Mémoires et Partages,  comparaît devant le tribunal correctionnel de Bayonne. Il est poursuivi pour rébellion, à l'encontre des forces de l'ordre, lors d'une interpellation.
 

Interpellé pendant le G7

Les faits remontent au mois d'août 2019.  Alors que la ville de Biarritz s'apprête à accueillir le G7, Karfa Diallo veut profiter de l'occasion pour interpeller sur la dénomination d'un quartier bien connu des Biarrots, le quartier de la Négresse.
Accompagné d'autres militants, il prend la parole au micro devant la gare afin de sensibiliser les passants à sa cause.
Les forces de l'ordre arrivent, le somment de s'interrompre avant de l'emmener à l'écart.

Le début de la scène a été filmée par les militants de Mémoires et Partages.


Karfa Diallo assure avoir ensuite été plaqué au sol, frappé et menotté. Il est placé en garde-à-vue pendant vingt-quatre heures. Poursuivi pour rébellion - un premier procès prévu en janvier a été reporté - il dénonce aujourd'hui un acharnement policier.

"Pour moi, ce procès qui m'est fait est injuste. La plainte que j'ai moi-même déposé à l'encontre des forces de l'ordre pour violences policières n'a toujours pas été instruite par l'IGPN, dénonce-t-il.

Si je dois être condamné, ce sera alors le prix à payer pour qu'il n'échappe plus à personne que le corps des femmes noires ne puisse plus faire l'objet d'injures.

Karfa Diallo, fondateur de l'association Mémoires & Partages

 

"Ce quartier doit retrouver son nom basque"

Ce rendez-vous avec la justice, le militant entend bien le transformer en tribune. Le quartier tire son nom d'une femme noire, surnommée "La Négresse", qui  y tenait une auberge au début du XIXe siècle. L'appellation du quartier, elle, remonte aux années quatre-vingt sur une décision du Conseil municipal. Auparavant, la zone portait le nom d'Harausta.

"Ce  quartier doit retrouver son nom basque, estime Karfa Diallo. Ceux qui lui ont donné l'appellation "La Négresse" assurent avoir voulu rendre hommage à cette femme. Mais 'Négresse", ce n'est pas une identité ! C'est une assignation systémique, une stigmatisation qui révèle une mentalité post-coloniale". Le militant n'exclut pas un recours devant le tribunal administratif pour faire annuler les délibérations municipales qui ont attribué ce nom au quartier.


L'imagerie associée aux événements locaux, comme les "Fêtes de la Négresse", représente une femme noire, aux lèvres proéminentes. Déjà en 2015, une polémique sur le nom du quartier et son imagerie, avait vu le jour, relayée par Alain Jakubowicz, alors président de la Licra.

Le combat de Karfa Diallo est soutenu par de nombreuses personnalités et formations politiques de gauche, dont Europe Ecologie les Verts, la France Insoumise, ou encore Darwin Climax Coalitions. Philippe Poutou, élu Bordeaux en luttes, a déjà annoncé faire le déplacement au tribunal de Bayonne.  
Défendu par Me Colette Capdevielle et Me William Bourdon, Karfa Diallo doit comparaître à 13h45. Il se dit serein. "C'est un moment attendu, et je suis confiant dans la justice de mon pays".

Je suis convaincu que le combat que nous menons pour extirper le racisme de l'espace public est un combat éclairé.

Karfa Diallo


 
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