"Je marche donc je suis" : dans les Pyrénées, les multiples bienfaits de la randonnée pour le corps et l'esprit

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Je marche donc je suis
Extrait du documentaire "Je marche donc je suis" ©ASLC Productions

C'est dans la vallée d'Ossau que les caméras ont suivi en mouvement des adeptes de la marche sur les sentiers des Pyrénées. Chacun.e relate, à son rythme et à sa façon, les bénéfices que cette activité leur procure dans "Je marche donc je suis", un documentaire inédit de France 3 Nouvelle-Aquitaine.

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Avec pour paysage la magnifique chaîne des Pyrénées, la réalisatrice Anne-Sophie Lévy-Chambon est partie sur les chemins de randonnée à la rencontre d'amoureux de la marche pour qui ce passe-temps signifie bien plus qu'une activité physique, une philosophie, voire une thérapie.

Seuls, en famille ou en groupes, ces marcheurs aux profils divers ont accepté de se livrer pour témoigner de leur passion et les bénéfices qu'ils en retirent.

La chanteuse basque Anne Etchegoyen fait partie de ces témoins. L'artiste profite d'une promenade en bord de mer entre Bidart et Guéthary, sur la côte basque, pour évoquer son expérience sur les chemins de Compostelle en 2017. Ils sont, selon elle, "un réel vecteur social", avouant qu'"il y a un avant et un après". Une expérience qui lui a inspiré une chanson et une démarche qui l'a transformée comme elle l'exprime ci-dessous.

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témoignage d'Anne Etchegoyen ©ASLC Productions

Puis, il y a Alain qui a abandonné, il y a six ans, une carrière d'ingénieur pour la marche, afin d'explorer le monde. Désormais, guide dans son Pays basque, il confie qu'il vit beaucoup plus intensément dès qu'il est en mouvement. 
Il a une particularité, c'est celle de marcher exclusivement en nu-pieds, ce qui lui a d'ailleurs valu une mention spéciale de la marque qu'il affectionne particulièrement pour arpenter le monde.

La marche, c'est la meilleure façon de découvrir un endroit, les autres et soi.

Anne-Sophie Lévy-Chambon 

Auteure et réalisatrice du documentaire

On rencontre au fil des étapes d'autres personnages comme Raphaëlle, Aurélien et leurs deux jeunes enfants qui, chaque week-end, partent vers les cimes du Pays basque.
Jean-Michel, ce berger qui emmène en randonnée des touristes pour une journée dans ses pâturages, l'opportunité de leur faire découvrir au passage son métier de passionné.
Puis, Serge, ce photographe qui immortalise le passage des marcheurs de Saint-Jacques de Compostelle au magnifique col d'Arnosteguy, point culminant de la randonnée après leur étape obligée à Saint-Jean Pied de Port.
Bertrand, lui, est accompagnateur en montagne et professeur de yoga. Il propose des marches de méditation pour chercher l'apaisement du mental.
Quant à Aurélien, artiste peintre, il marche seul pour chercher l'inspiration dans la montagne. Le parcours s'achève en compagnie de David, mal voyant, pour qui l'amour des Pyrénées l'a poussé à se dépasser afin de marcher en toute liberté et donner du sens à sa vie.

Un film en mouvement et en réflexion

Le choix du tournage dans les Pyrénées-Atlantiques n'est pas un fait du hasard. Terre de marche, ce département offre plus de 5000 km de sentiers balisés et variés aux marcheurs, entre bord de mer, sommets ou forêts. Il est également situé sur le chemin de Compostelle.

Ainsi, de Bidart au pic de l'Escalette, c'est au rythme de neuf étapes, toujours au pas de marche, que le documentaire a été tourné dans ces paysages pyrénéens majestueux, filmés au plus près, mais également avec un drone pour prendre de la hauteur et apprécier la beauté de la nature environnante.

Outre ces moments d'échanges avec les protagonistes, le film est ponctué d'interventions de spécialistes.

Celle notamment du sociologue David Le Breton qui décrit ce que représente le sens de la marche dans sa vie et également ce qu’il en a observé chez l’homme en général. Le médecin neurologue Yves Agrid explique, quant à lui, comment et pourquoi la marche facilite et améliore la pensée.

Je marche donc je pense. La marche induit la pensée.

Yves Agrid

Neurologue

La marche, retour d'une tendance 

Dans les années cinquante, nous marchions en moyenne sept kilomètres par jour. Aujourd'hui, la distance parcourue à pied s'est réduite à trois cents mètres en moyenne. 

Avec l'évolution, des machines ont été inventées pour nous transporter sur des tapis roulants, des escalators, des vélos et trottinettes électriques, réduisant le temps où nous sommes le propre véhicule de notre corps. Sans parler de l’utilisation intensive, voire abusive de la voiture, pour se déplacer de quelques mètres ou kilomètres. Et sans parler  du fait d'avoir les yeux rivés sur les écrans qui grignote encore et toujours plus de notre temps et qui immobilise, par la même occasion, le corps et l'esprit.

Le bonheur simple de marcher, de ralentir, de se perdre, de flâner et de laisser notre corps agir et notre esprit réfléchir est devenu, pour la plupart, de plus en plus rare.

La période post-Covid aurait-elle été cependant propice au retour du goût pour la marche ? 

Quoi qu'il en soit, la marche a fait son grand retour et séduit de plus en plus. Tous milieux confondus, tous âges confondus. Seul ou en groupe, pour le simple bonheur de marcher ou en rébellion face à la société toujours plus rapide, ou encore, par nécessité vitale de se mettre en mouvement, les gens reprennent leur bâton de pèlerin et avancent sur les chemins. 

Car, dans la marche, le plus important, c’est le chemin, pas l’arrivée. C’est le processus, pas le résultat. L’exact opposé de ce que prône la société de consommation. 

Chacun a sa raison, sa propre motivation pour se lever et se mettre en route. Un sentiment de liberté. Mettre un pied devant l'autre. Une introspection. Se retrouver avec soi-même. Se reconnecter avec la nature. Avoir tous les sens en éveil. Se retrouver face à soi-même. Partager. S'évader. Rêver. Penser. Se faire du bien. Être juste en mouvement. Vivre l'instant.

Peu importe la destination finalement, seul avancer compte.

La marche est une activité physique sans compétition, toute entière dans la jouissance de l’instant.

David Le Breton

Anthropologue et  sociologue

Et si la marche était tout cela à la fois ? Un bienfait pour le corps, certes, mais peut-être finalement encore plus pour l'esprit.

Documentaire : "Je marche donc je suis" ( durée : 52 minutes)

Diffusion le jeudi 21 décembre à 22.50 sur France 3 Nouvelle-Aquitaine et sur la plateforme France.tv

Production ASLC Productions avec la participation de France Télévisions

Auteur et réalisatrice Anne-Sophie Lévy-Chambon 

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