En novembre 2004, un chasseur d'Urdos tuait Cannelle, la dernière ourse de souche pyrénéenne. Huit ans et demi après, l'association communale de chasse à laquelle il appartenait, a été condamnée à 53.000 euros de dommages et intérêts par la justice.
Comme l'a révélé jeudi France Bleu Béarn, l'association WWF a obtenu, le 15 mai, réparation du préjudice moral et écologique entraîné par cette disparition. en revanche, le juge civil du tribunal d'instance de Pau l'a déboutée de ses demandes de préjudice économique." Une heure trente avant la destruction de Cannelle les chasseurs savaient qu'elle était là car ils avaient tiré en l'air pour l'effrayer. N'importe quel autre chasseur aurait pu tirer. C'est l'organisation de la battue elle-même qui a été génératrice du problème ", a estimé l'avocat de WWF, Me Lionel Brard.
" Nous souhaitons que ce jugement soit un électrochoc pour ces associations qui ont des obligations à la mesure des droits qui sont les leurs ", a-t-il souligné.
" C'est une somme qui est démesurée et même honteuse. On se demande à qui appartient l'ours parce que finalement c'est un préjudice moral pourquoi pas pour toute la population qui aime l'ours ", a pesté auprès de la radio le président de l'ACCA d'Urdos dans les Pyrénées-Atlantiques, Francis Claverie, regrettant qu'avec ce jugement les tensions ne " recommencent après un peu d'accalmie ".
Cette condamnation survient en sus de celle du chasseur responsable de la mort de Cannelle, condamné en juin 2010 en cassation à indemniser diverses associations de protection de la nature à hauteur de 10.000 euros.
Relaxé en avril 2008 du chef de " destruction d'espèce protégée " par le tribunal correctionnel de Pau qui avait retenu l'état de légitime défense, le chasseur s'était vu condamner par la cour d'appel en 2009, estimant qu'il avait été averti qu'il pouvait rencontrer l'ourse.
La mort de Cannelle avait provoqué une vague d'indignation en France, incitant le gouvernement à mettre en place un plan de " renforcement de la population d'ours bruns " dans les Pyrénées avec l'introduction de plantigrades slovènes. Ce plan avait été vivement contesté par les éleveurs pyrénéens.
Les dépouilles de Cannelle et de trois autres ours morts ces dernières années dans les Pyrénées, victimes d'accidents
ou de chasseurs, ont été attribuées au muséum d'histoire naturelle de Toulouse qui présentera en octobre une exposition consacrée aux huit espèces d'ours dans le monde, intitulée " Ours, mythes et réalités ".