Un millier "d'artisans de la paix" ont convergé ce samedi 19 septembre à la sous-préfecture de Bayonne pour dénoncer le traitement d'exception réservé aux prisonniers basques et un blocage systématique de la part du parquet anti-terroriste.
Le 4 mai 2018, l'organisation séparatiste basque ETA a été officiellement dissoute lors d'une cérémonie à la Villa Arnaga, au Pays Basque, au terme d'un long processus de paix initié en 2011.
Mais le sort des prisonniers basques, soumis à un régime particulièrement rigoureux, ne s'est pas amélioré depuis. Ainsi, parmi les 32 prisonniers basques incarcérés en France, quatre d'entre eux ont déjà purgé une peine de 30 ans d'emprisonnement.
Depuis plusieurs années, les "artisans de la paix" réclament donc la fin de ce régime d'exception et les blocages systématiques du parquet national anti-terroriste qui empêche les remises en liberté conditionnelle.
Des "prisonniers politiques"
Un millier de personnes ont donc manifesté une nouvelle fois ce samedi 19 septembre, en convergeant vers la sous-préfecture de Bayonne en début d'après-midi après avoir organisé des opérations escargot en fin de matinée dans le Pays basque.Pour protester avec plus de force, les artisans de la paix ont muré la sous-préfecture de Bayonne. "C'est la préfiguration de la voie qu'on ouvre aujourd'hui. Devant une situation bloquée, nous avons symboliquement voulu emmurer la sous-préfecture, l'antenne de l'Etat au Pays basque." souligne Michel Berhocoirigoin, des Artisan de la paix.C'est tout le processus qui est en jeu, nous sommes sur une ligne de crête. Il n'y a pas de retour en arrière possible, il faut avancer, il faut forcer.
Cette action marque aussi "un changement de stratégie, toujours dans la diversité, toujours dans la non-violence, mais avec plus de fermeté pour que ce chemin de la paix s'ouvre et qu'on puisse aller à la libération conditionnelle des prisonniers", ajoute-t-il.
"Au-delà du parquet, c'est le pouvoir politique, [...] et le Président qu'on interpelle, très directement et très personnellement" explique Michel Berhocoirigoin, Artisan de la paix, rappelant qu'Emmanuel Macron a déclaré que le "processus de paix était exemplaire, et que l'Histoire ne devait pas bégayer".
→ regardez le reportage d'Alexandre Perrin et Emmanuel Clerc
Parmi les manifestants, le maire de Bayonne, Jean-René Etchegaray, qui "tenait à être présent car c'est un moment symbolique".
Si quelqu'un, parmi ces prisonniers, doit quitter la maison d'arrêt ou le centre pénitentiaire dans un cercueil, je ne réponds plus de rien au Pays basque !
"Comment ne considère-t-on pas que les prisonniers qui ont accompli leur peine puissent désormais retrouver leurs familles ? Après plus de trente ans de réclusion criminelle, à 70 ans, ils se trouvent interdits de pouvoir retrouver leur familles, car les infractions qui leur sont reprochées sont politiques", dénonce Jean-René Etchegaray, qui considère que la situation équivaut au rétablissement de la peine de mort pour les prisonniers basques.
Jeudi prochain, le jugement de l'appel de la demande de libération conditionnelle de Jakes Esnal, qui entame sa 31e année de détention, sera rendu.
Une décision très attendue par les Artisans de la paix, qui pourrait marquer, ou non, une inflexion de la justice française.