Sanofi avait été contraint d'arrêter son usine de Mourenx début juillet après la révélation de rejets toxiques hors normes. Le géant pharmaceutique avait progressivement repris sa production. Aujourd'hui, il relançait celle de valproate de sodium.
Le valproate sert de base à des médicaments, anti-épileptiques et antidépresseurs notamment. Le redémarrage de sa production a été autorisé par la préfecture des Pyrénées-Atlantiques. Une étude d'évaluation a montré "des niveaux de risque très inférieurs à la valeur de référence pour les populations riveraines", a précisé la préfecture.
Les mesures réalisées par Sanofi, ainsi qu'un contrôle inopiné de l'inspection des installations classées (Dreal), confirment que "l'ensemble des émissions est conforme aux limites fixées" ajoute la préfecture dans un communiqué.
Communiqué de presse de la préfecture ds Pyrénées-Atlantiques
Un avis de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) daté du 31 août, montre que Sanofi-Chimie "a répondu à l'ensemble des questions posées" par un arrêté de juillet, ajoute la préfecture.
Cet arrêté fixait des conditions de redémarrage du site, notamment des seuils de toxicité du valproate revus à la baisse, à la lumière de recommandations de l'Anses (Agence nationale de sécurité de l'alimentation, de l'environnement et
du travail).
En revanche, les résultats de l'évaluation "ne permettent pas de conclure à l'absence de risques pour les travailleurs, dans un rayon de l'ordre de 50 mètres autour de la source de rejet", souligne la préfecture. Et l'Ineris recommande du coup que "le plan de surveillance renforcé de l'environnement, en particulier dans la zone qui concerne les travailleurs, soit rapidement mis en oeuvre".
Le 9 juillet, Sanofi, sous pression, avait annoncé l'arrêt immédiat de Mourenx. Le site produit notamment l'anti-épileptique Dépakine, lui-même au coeur d'un scandale sanitaire, après révélation dans les médias de rejets toxiques hors normes, bromopropane et valproate de sodium en particulier.
Une association de riverains et deux associations de défense de l'environnement ont saisi la justice à la suite de ces rejets. L'une d'elle, la Sepanso-64, s'est dite, ce lundi, choquée par l'annonce du redémarrage, un "fait accompli", alors qu'un Comité de suivi du site devait se réunir mercredi, même si son avis n'est que consultatif.
"C'est nous qui avions relevé les rejets massifs toxiques de Sanofi et la préfecture ne nous tient pas au courant des travaux effectués, nous venons de recevoir le communiqué de la préfecture pour une reprise le même jour", a pour part déploré Solenne Demonet, en charge des risques industriels à France Nature Environnement (FNE).
Le parquet de Pau s'est dessaisi en juillet de la procédure visant Sanofi, pour infraction à la législation sur les installations classées, au profit du Pôle santé publique du parquet du tribunal de grande instance de Paris.