Il y a un an l'abattoir de Mauléon était condamné pour mauvais traitements sur animaux. Aujourd'hui, c'est à L214, qui avait dénoncé les faits via des vidéos, de comparaître sur le banc des prévenus pour atteinte à la vie privée.
Les rôles sont inversés ce lundi sur les bancs du Tribunal correctionnel de Pau. Aujourd'hui, les quatre salariés de l'abattoir seront présents en tant que victimes et l'association L214 en tant que prévenue. Pour rappel, en septembre 2018, les abattoirs, son ex-directeur Gérard Clemente et quatre de ses salariés avaient été condamnés pour mauvais traitements sur animaux. Les faits avaient été révélés par la diffusion images vidéos filmées clandestinement à Mauléon par l'association L214. L'avocat des abattoirs avait alors porté plainte contre l'association pour atteinte à la vie privée.
Vidéo aux abattoirs de Mauléon : une amende de 10000 € requise contre @L214https://t.co/vhSSFdkNR8 pic.twitter.com/00ZHOQrKLN
— La Rép des Pyrénées (@LaRepDpyrenees) October 14, 2019
Sans vidéos pas de procès ni de condamnation des abattoirs
C'est l'argument avancé par les avocats de l'association. Sans ces vidéos, les agissements de certains salariés de cet abattoir de Mauléon, n'auraient jamais été révélés. Il n'y aurait alors jamais eu de procès et encore moins de condamnation de ceux-ci. Ce sont d'ailleurs sur ces vidéos que s'est appuyé le parquet lors de l'enquête préliminaire. Par ailleurs, sur les faits reprochés, à savoir une "atteinte à la vie privée", l'association met en avant la non-divulgation d'éléments relevant de l'intimité des salariés."On a flouté les images, on a jamais donné leurs noms ni rien dans toutes nos communications. Et on a aussi appelé le public à bien prendre garde que c'est le système qu'on dénonce, pas des personnes", précise Brigitte Gothière, directrice de l'Association L214.
C'est la première fois que l'association comparait pour atteinte à la vie privée. En 2017 deux militants avaient été jugés, mais de manière nominative. Ils avaient alors été condamnés à des amendes avec sursis pour avoir installé des caméras dans l’abattoir d’Houdan dans les Yvelines.
"Du jour au lendemain ils se sont retrouvés sur le devant de la scene médiatique"
Les vidéos tournées par des militants de l'association avaient fait le tour des réseaux sociaux et donc du monde. Les quatre salariés de l'abattoir avaient fait la une de l'actualité. Pour maître Alain Tugas, "les autorisations n'avaient pas été demandées, bien évidemment mes trois clients ne connaissaient pas l'existence de cette caméra. Et ce qui est d'autant plus choquant, c'est qu'ils ont découvert ça non pas parce qu'un des salariés aurait découvert le pot aux roses et aurait pu permettre qu'on arrête de les filmer, non, non, ils ont vu ça sur des sites internet de très grande diffusion et donc du jour au lendemain ils se sont retrouvés sur le devant de la scene médiatique ».L'avocat des salariés s'appuie également sur la condamnation en 2017 de militants de l'association pour des images tournées dans un abattoir des Yvelynes. Ceux-ci avaient été condamnés à des amendes avec sursis. À noter que dans ce nouveau procès, les abattoirs, en tant que personne morale, ne pouvaient pas se constituer partie civile.
Le parquet a requis une amende 10 000 euros contre l'association dont les avocats ont plaidé la relaxe. La décision a été mise en délibéré au 18 novembre prochain.
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Procès de l'association 214 à Pau