Cinq éleveurs de brebis comparaissent mardi 30 juin devant le tribunal correctionnel de Pau pour des dégradations. Opposés à la réintroduction de l'ours dans les Pyrénées, ils avaient déversé des poches de sang devant la maire d'Etsaut.
"Ce geste, c'était pour exprimer notre désespoir. Tous les jours, ce sang on le voit. Nos enfants voient les brebis qui meurent, et que nous, nous devons achever". Ces mots sont ceux d'un éleveur de brebis, poursuivi pour dégradations volontaires.Venus assister à leur procès pour dégradations volontaires devant le tribunal correctionnel de Pau, cinq éleveurs ont profité de cette tribune pour exprimer leur ressenti, face à la volonté de l'Etat de réintroduire les ours dans les Pyrénées.
Ce sang c'est un symbole. Nous ce qu'on voit c'est la mort de notre métier en montagne
Manifestation anti-ours à Etsaut
Les faits remontent au 29 août 2018. Près de 200 éleveurs de brebis étaient venus manifester devant la mairie d'Etsaut, en Béarn. Le débat sur la réintroduction de l'ours battait alors son plein, quelques semaines avant l'arrivée de deux plantigrades dans les Pyrénées. La maire du village, Elisabeth Médard, avait fait publiquement savoir qu'elle y était favorable.Poches de sang et carcasses d'animaux
Un affront pour les éleveurs, venus protester sous les fenêtres de sa mairie. Certains d'entre eux avaient alors déversé du sang d'animaux sur le sol et déposé des carcasses de brebis.Elisabeth Médard avait alors porté plainte. C'est pourquoi cinq éleveurs sont depuis poursuivis devant la justice pour dégradations volontaires et détérioration de bien appartenant à autrui, ainsi que pour complicité de dégradation.
Alors qu'une première sanction, incluant un stage de citoyenneté, leur avait été proposée dans un premier temps, tous ont refusé par principe, préférant défendre leur cause devant la justice. Le procès, initialement prévu pour le 7 janvier 2020 avait été repoussé pour cause de grève des avocats.
Pour l'ancienne maire d'Etsaut, l'attitude des éleveurs lors de l'audience, qui récusent les accusations de dégradation, équivalait à "minimiser les faits". Elle parle de "traumatisme".
"Il y a eu un manque de respect envers les habitants du village d'Etsaut. Je comprends les arguments, mais je ne comprends pas qu'on ne soit plus dans un état de droit. Le village a été attaqué", a-t-elle déploré.
Le délibéré a été repoussé au 7 juillet. Le parquet a requis un stage de citoyenneté.