Saisi par les associations environnementales, le tribunal administratif de Pau, dans les Pyrénées-Atlantiques, a annoncé, le 2 août, la réduction de 25 % des prélèvements d'eau non potable pour l'arrosage des cultures. La décision est jugée incompréhensible par les agriculteurs qui appellent à poursuivre les irrigations.
Pour les agriculteurs des Pyrénées-Atlantiques, c'est "l'incompréhension et la colère". Le vendredi 2 août, le tribunal administratif de Pau a ordonné une baisse de 25 % des volumes d'eau prélevés pour l'irrigation dans le bassin de l'Adour. De nouvelles restrictions qui résultent d'une contestation de la part des associations environnementales. "Cette décision, elle est injuste et elle a un parti pris", tance Bernard Leyre, président de la chambre d'agriculture du département.
La ressource en eau fait débat devant la justice
Le 12 juillet dernier, un arrêté préfectoral, régulant le niveau d'irrigation autorisé, était signé par les préfets de quatre départements, dont celui des Pyrénées-Atlantiques et des Landes. Celui-ci prévoyait d'ajouter 10 millions de mètres cubes d'eau supplémentaires aux 193 millions de mètres cubes qu'il est déjà possible de prélever, en raison d'une "situation hydraulique particulièrement favorable cette année qui permettait la recharge des nappes phréatiques".
Mais six jours plus tard, les associations environnementales, telles que la Sepanso 64 et 40 et les Amis de la Terre, contestent cette décision et saisissent le tribunal administratif de Pau. Lequel décide alors de casser l'arrêté préfectoral, faisant valoir "le mauvais état quantitatif et écologique des masses d'eau superficielles et souterraines du bassin de l'Adour, dont certains sont dans une situation déséquilibrée avec des volumes prélevés supérieurs aux volumes prélevables".
"J'appelle à continuer les irrigations"
C'est donc le 2 août que la décision de justice est tombée, ordonnant la réduction de 25 % des volumes d'eau autorisés pour l'irrigation dans le bassin de l'Adour. "On s'aperçoit que cette décision n'est pas appuyée sur des éléments administratifs et parlementaires comme elle devrait l'être, mais sur des éléments agronomiques et économiques, c'est insupportable", peste Bernard Layre, président de la chambre d'agriculture 64.
L'eau que nous utilisons n'a rien à voir avec l'eau potable, et elle est indispensable pour pouvoir faire de l'alimentation de qualité, locale ceux que tous les consommateurs et citoyens cherchent aujourd'hui.
Bernard LayrePrésident de la chambre d'agriculture 64
"On ajoute une confusion à un moment où on n'en a pas besoin", abonde Guy Estrade, président du groupement des irrigants.
Une année 2024 "difficile"
Les lacs d'irrigation, financés par les agriculteurs, permettent d'arroser les cultures, de soutenir les niveaux des cours d'eau et d'alimenter les stations d'épuration. "On ne veut pas baisser d'un seul mètre cube nos prélèvements, lâche Bernard Layre. Moi, je pousse les agriculteurs à continuer d'irriguer comme ils l'ont toujours fait parce qu'on va se battre pour maintenir le volume existant."
C'est une situation de confusion difficilement acceptable car elle n'est pas explicable. C'est ce que nous contestons ce manque de pragmatisme, de logique dans ces décisions qui sont quand même très contraignantes.
Guy Estradeprésident du groupements des irrigants
D'autant plus que cette décision tombe dans une année 2024 difficile, malgré les fortes pluies tombées lors du mois de juin. "Pour tout le monde, le printemps a été compliqué avec beaucoup d'inondations. Grand nombre d'agriculteurs n'ont pas réussi à implanter à temps leurs cultures", souligne Guy Estrade, rappelant l'importance de ces irrigations pour l'entretien des terres.
"Les cultures ont besoin d'eau, car les sols sont très tassés, on a un enracinement très superficiel et on a des plantes en retard au niveau végétatif et qui sont en situation de stress hydrique", ajoute le président du groupement des irrigants.
"Désarmer la France"
Les agriculteurs irrigants du bassin de l'Adour ont décidé d'attaquer en cassation la décision du tribunal administratif de Pau. "Si on ne fait pas cela, on va continuer à désarmer la France de sa production agricole pour continuer d'augmenter les importations qui viennent de l'autre bout du monde", argue Bernard Layre.
Les quatre préfectures concernées ont jusqu’au 12 août pour publier un nouvel arrêté pour se mettre en conformité avec la décision du tribunal.