Chaque semaine, la communauté d'Emmaüs de Lescar, en Béarn, propose des ateliers de tapisserie pour redonner une nouvelle jeunesse à des meubles anciens. Eric Evan, passé de tapissier professionnel à Paris à compagnon pour l'association, transmet son savoir-faire, dans une démarche écologique.
Redonner vie à ses meubles, grâce à quelques coups de main bien exécutés, c'est la promesse d'Eric Evan. Dans l'atelier de tapisserie d'Emmaüs, à Lescar près de Pau, des carcasses de sièges et des tissus passent entre les mains des stagiaires et bénévoles pour être transformés et vendus par l'association.
Eric Even est à l'origine de la mise en place de cet atelier en Béarn. Ce tapissier-décorateur, devenu compagnon après un accident de la vie, il y a deux ans, arrive tout droit de la capitale pour "transmettre son savoir-faire à tous ceux qui le souhaitent".
L'esprit du recyclage
Pour le professionnel diplômé de la très renommée école supérieure des arts appliqués Boulle à Paris, l'enseignement de la restauration de fauteuils est une manière d'allier son envie de transmettre à "l'esprit du recyclage", qui l'anime depuis des années. Mais c'est surtout un moyen pour lui de partager. "Il y a cette notion d'échange et de solidarité, et nous arrivons à faire de jolies choses", affirme-t-il, satisfait.
"Je garde toujours à l'esprit le côté chiffonnier qui est la base de ce qu'était l'Abbé Pierre. C'est extrêmement important. On ne peut pas tout garder, mais en tout cas, tout ce qu'on ne jette pas, on peut le remettre en circulation", ajoute le professionnel.
Déjà, lorsqu'il était chef d'entreprise, Eric Even essayait de travailler de manière écologique ."Lorsqu'on me demandait de travailler sur du mobilier neuf, je récupérais l'ancien que je retraitais dans mes ateliers et que je proposais à d'autres pour ne pas le jeter."
"Mes copines me font des commandes"
Remettre le fauteuil dans son état d'origine, choisir le revêtement, les gestes sont méticuleux. Depuis maintenant un an, Stéphanie Miginiac vient chaque semaine dans l'atelier. "Je voulais apprendre à restaurer des fauteuils pour mon usage personnel, raconte-t-elle. C'était l'occasion de venir chez Emmaüs que je connais depuis très longtemps. Pour moi, ç'avait du sens."
Maintenant, je restaure des fauteuils pour des copines qui me font des commandes.
Stéphanie, stagiaire à l'atelier tapisserie d'Emmaüsà France 3 Aquitaine
► Le reportage d'Elise Daycard et d'Eli Gonzalez
"J'apprends plus qu'en cours"
Les stagiaires formées par Eric sont venues se nourrir de ses compétences tout en développant leur propre singularité. Comme Candice et Nina, toutes deux étudiantes au lycée professionnel des métiers d'arts de Coarraze. Elles réalisent leur stage de fin d'études dans l'atelier. "J'ai appris de nouvelles techniques de travail, l'esprit d'équipe, toujours dans bonne humeur", indique Nina. La bonne humeur, c'est d'ailleurs ce qui a motivé la lycéenne à revenir travailler pour Emmaüs pour la troisième fois. "J'apprends beaucoup plus qu'en cours."
Les sièges confectionnés lors des ateliers sont ensuite vendus par l'association."Ils créent. Même s'ils ne veulent pas devenir tapissiers-décorateurs, ils auront appris le maniement de certains outils et le mélange des couleurs", s'enthousiasme le compagnon d'Emmaüs.